Édouard Louis, Histoire de la violence


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Volontairement exilé loin de son milieu populaire picard, le jeune Édouard est accosté, place de la République, au retour d'une soirée de réveillon de Noël, par Reda, un jeune kabyle, qu'il finit par inviter dans son appartement et dans son lit. La rencontre amoureuse entre les deux jeunes hommes prend une tournure tragique lorsqu’Édouard est étranglé, menacé d’une arme et finalement violé par Reda. Dépositions de police, examens médicaux et révélations aux proches et à la famille rythmeront la vie d’Édouard suite à cette violente agression.

Histoire de la violence raconte, de manière non linéaire, les sources et les suites de l’agression à travers un dispositif narratif qui alterne monologue intérieur du narrateur (Édouard), version des faits exposés par la sœur de ce dernier (Clara) et bribes de la vie des deux protagonistes de cette nuit (Édouard et Reda).

Histoire de la violence décrit la brutalité de la violence physique et la réponse stéréotypée de l’État à cette dernière. Le roman permet également de constater l’isolement de la victime qui est dépossédée de son histoire et dont les besoins, les volontés (notamment celle de pardonner) sont éclipsées par l’appareil répressif et judiciaire.

Histoire de la violence traduit surtout l’ambition, notamment à travers le dispositif narratif qu’il met en place, de transmettre un témoignage sur la violence, d’en expliquer les causes, de les comprendre (jamais de les minimiser…) et, principalement, d’interdire toute interprétation raciste de cette dernière. En pointant le parallélisme entre l’enfance populaire d’Édouard et le passé de fils d’immigré de Reda, le roman tente en effet de « déracialiser » la violence ou, a minima, d’empêcher toute récupération xénophobe de celle-ci.

Dédié à Geoffroy de Lagasnerie, Histoire de la violence est le deuxième roman d’Édouard Louis qui continue d’explorer, sur un mode largement autobiographique, les violences en tout genre que subissent les sujets dans la société. Entre l’interpellant En finir avec Eddy Bellegueule et le récent (et déjà polémique) Qui a tué mon père, Histoire de la violence est un roman qui interroge, qui dérange mais qui ne laisse assurément pas indifférent.

 

 Thomas Beyer
Réjouisciences

Édouard Louis, Histoire de la violence. Paris, Seuil, 2016

 

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