Bebey

Mon royaume pour une guitare est le premier roman de Kidi Bebey (1961), journaliste et éditrice franco-camerounaise. C’est une œuvre biographique narrant l’histoire de ses parents, surtout celle de son père, le fameux musicien camerounais Francis Bebey (1929-2001). Le roman trace le parcours du père qui quitte son pays natal pour aller poursuivre ses études à Paris. Il s’y installe, se marie, fonde une famille et travaille comme consultant pour l’Unesco avant de poursuivre son rêve d’une carrière d’artiste. Des récits traitant de la migration et de divers aspects de la vie diasporique sont actuellement très populaires dans la littérature africaine francophone, et on peut dire que pour sa thématique, Mon royaume pour une guitare fait partie de cette tendance.

Ce qui rend ce roman spécial est son style. L’écriture de Bebey est extrêmement aisée, subtile, sans effort. Il s’agit d’une narration prétendument simple qui arbore une complexité sans inutilement souligner quoi que ce soit et qui, entre les lignes, arrive à communiquer une tendresse envers ses personnages et leurs choix, passions, obsessions et faiblesses. Il y a un aspect profondément honnête, intime et par conséquent désarmant dans ce roman qui permet au lecteur d’être touché par le parcours des personnages qui ne sont pas tout à fait fictifs, mais certes habilement fictionnalisés. Le charme du roman tire également sa force du ton narratif où alternent une légère mélancolie et l’humour.

En tant que représentation littéraire de la vie des immigrants africains en France, Mon royaume pour une guitare aborde également le thème du retour qui est un motif récurrent de la littérature diasporique. Le roman de Bebey communique l’idée de l’impossibilité du retour dans le contexte diasporique, tout en illustrant que la mobilité et les appartenances multiples que celle-ci engendre n’effacent pas le besoin de se sentir chez soi quelque part.      

Anna-Leena Toivanen
Spécialiste de littérature africaine

 

Kidi Bebey, Mon royaume pour une guitare, Michel Lafon, 216

 

europe Anna-Leena Toivanen est titulaire d’une bourse Marie Skɫodowska-Curie Individual Fellowship. Elle est membre du CEREP (Centre d’Enseignement et de Recherche en Etudes Postcoloniales) et travaille sur les représentations de la mobilité et du cosmopolitisme dans la littérature africaine diasporique contemporaine. Son projet « Afroeuropolitans » est financé par le programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne, dans le cadre de l'accord de subvention Marie Skɫodowska-Curie n° 701238.

 

Lectures pour l'été 2018

 

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