Hélène Gestern, Eux sur la photo & Portrait d'après blessure


Gestern

Pas facile d’écrire et de réussir un roman épistolaire. Dans Eux sur la photo, Hélène Gestern convainc sans nulle faille. À partir d’une photo, se tire un fil qui entraîne personnages et lecteurs : deux personnages y dialoguent par lettres ou courriels interposés, en remontant à leurs origines respectives et finalement partagées. Leurs parents se sont connus : quelle fut leur histoire ? et celle de leurs enfants ? Bien sûr, il y aura des secrets lourds à découvrir, à assumer, à dépasser. La réussite du roman repose dans un art fin, sensible et pertinent d’allier ces ingrédients avec un suspense qui nous tient en haleine. On relèvera le talent requis pour nous faire passer cette correspondance. Ici, la littérature est un jeu sérieux avec les genres. Roman par lettres, roman familial, drame, roman d’énigme, roman sentimental, Eux sur la photo estun peu tout cela, mais d’abord autre chose : une plongée dans notre rapport aux relations, aux filiations, aux souvenirs et aux documents.

C’est aussi sur une photo qui est au départ d’un autre roman d’Hélène Gestern, Portrait d’après blessure. Un homme et une femme ont été photographiés lors d’un attentat : publiée, cette photo a des répercussions sismiques sur leur vie. Alternativement abordées du point de vue de l’un et de l’autre, elles induisent une réflexion profonde sur la morale journalistique, le droit à l’image, l’intimité, la blessure.

 

Gérald Purnelle
Métriques et formes poétiques contemporaines

 

Hélène Gestern, Eux sur la photo, Arléa, 2013

 

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