Alberto Moravia, Racconti romani [Nouvelles romaines]


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Ils sont nombreux à parler de la Ville Éternelle. De l’archéologue à l’historien, du théologien au juriste, de l’ingénieur à l’architecte, de l’artiste au romancier, elle les fascine depuis 2000 ans parce que Rome, écrit Charles Maurras, « signifie sans conteste la civilisation de l’humanité. Je suis Romain, je suis humain : deux propositions identiques ».

Si le latiniste Pierre Grimal s’était essayé à une radioscopie de L’âme romaine (Perrin, 1999) antique, Alberto Pincherle dit Moravia (1907-1990) dissèque l’âme romaine de son temps, l’après-guerre. Loin du roman balzacien, Moravia se plaît dans ces Nouvelles romaines à conter il fatto, le fait, l’épiphénomène. Il n’est donc plus question de romans à soubassement psychologique à l’instar du Mépris ou de L’amour conjugal ; ici, Moravia se mue en conteur – un Pirandello alla romana –, cette tradition typiquement latine. Il quitte les poumons profonds du marathonien pour enfiler les muscles vifs du sprinter olympique. Ne vous méprenez pas : ceux qui le connaissent déjà n’en seront point déçus. Nous y retrouvons ce Moravia intrigué par les relations humaines. La forme change, le fond est intact : ces Nouvelles ciselées et brutales dressent des portraits psycho-logiques de l’Homme au scalpel et ce à Rome, entre soleil « arancione e rosso nasturzio » et pavés Sanpietrini.

Par-delà l’amour-haine que les Italiens lui ont porté, Moravia est sans conteste l’un des plus grands écrivains Italiens du XXe siècle et ces Nouvelles font de lui un écrivain complet. S’il existe en littérature ausonienne une « époque d’Annuzio », l’après-guerre littéraire cherche encore son patronyme : Sciascia, Calvino ou Moravia ?

Madio Fatalini
Étudiant en droit

Alberto Moravia, Racconti romani, Bompiani, 1997, 438 p.
Alberto Moravia, Nouvelles romaines, Flammarion, 1993, 327p.

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