Gérard Mordillat et Sébastien Gnaedig : Ulysse Nobody


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« Une fable politique jubilatoire » dit le bandeau publicitaire. Jubilatoire, mon œil. Profondément sinistre, tragiquement proche de la réalité. Un acteur raté, un comique pas drôle, ressassant qu’il a obtenu un prix au conservatoire. Il vit au Havre sous le nom du personnage de son seul-en-scène Ulysse Nobody. Chroniqueur sur une radio privée de 23 à 24 heures, la veille de noël, il énumère des « noëls tristes », se fait mettre dehors et ne retrouve pas la moindre heure d’antenne, le moindre petit rôle. Il se fait rabrouer par son père, un intellectuel de gauche qui vit au bord de la mer avec une compagne plus jeune. Les factures s’accumulent. Un ancien collègue, devenu responsable de Relations publiques, lui prête 10000 euros et le recrute pour le parti fasciste français, où il croit retrouver une scène, un public. Et se fait descendre aux élections locales. Et larguer, par la femme qui le baisait sur ordre, par le parti. Il est grillé chez ses anciens employeurs. Il lui reste la Manche. Devenir personne. Il est minable, exprime les pires sentiments xénophobes. Il est aussi pathétique et pitoyable.

Christine Pagnoulle
Langue anglaise : linguistique, littérature et traduction

Gérard Mordillat et Sébastien Gnaedig, Ulysse Nobody, Futuropolis, 2022, 144 p.

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