Corinne Morel Darlieux : Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce
La crise est là. Non pas celle due au coronavirus mais bien celle nettement plus inquiétante, liée à l’effondrement, prévu, annoncé, depuis belle lurette.
L’auteure, philosophe et militante française écosocialiste, signe un essai lucide et décapant.
Rédigé à la première personne – contrairement à la doxa universitaire –, ce petit opus d’une centaine de pages jette un regard sans complaisance sur notre monde, sur notre société occidentale, en prenant appui, non pas sur des statistiques, mais sur des lanceurs d’alerte dans leur genre, le navigateur Bernard Moitessier et les écrivains Pasolini (la disparition des lucioles) et Romain Gary (Les racines du ciel).
Corinne Morel Darleux propose un choix radical en trois règles de vie : refuser de parvenir, cesser de nuire et cultiver la dignité du présent pour endiguer le naufrage généralisé.
Et plutôt que de dérouler un cours truffé de courbes et de chiffres, elle donne à lire un texte tissé d’intuitions, d’ellipses, un texte qui fait la part belle à la fiction et invite à quitter une vision “continentale” pour agir “en archipels”, ces îlots de résistances où “chacun peut être à son poste tout en contribuant à un plan plus large”.
Un essai philosophique et littéraire accessible à tous et toutes, un “cheminement vers l’action”.
Patricia Janssens
Le Quinzième Jour
Corinne Morel Darlieux, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Réflexions sur l’effondrement, Libertalia, 2019, 101 p.
