Françoise Rétif : Ingeborg Bachmann. Ce qui est vrai
Françoise Rétif, professeure émérite de l’Université de Rouen Normandie, est sans aucun doute la meilleure connaisseuse de l’œuvre de l’écrivaine autrichienne Ingeborg Bachmann (1926–1973) dans l’espace francophone. Elle a non seulement publié de nombreux articles à propos de cette figure emblématique de la littérature d’après-guerre, mais elle a aussi traduit son Journal de guerre (Actes Sud 2011) et ses poèmes (Gallimard 2015). Sa dernière publication sur cette poétesse-star des années 1950, intitulée « Ingeborg Bachmann. Ce qui est vrai », est un essai dans le sens original d’une expérience d’écriture libre et subjective:
Rétif tente de mettre en lumière une partie jusqu’à présent peu explorée de la vie de Bachmann – la période de ses études à Vienne où la jeune provinciale débarque en 1946, pleine d’enthousiasme et d’ambitions littéraires – et cherche en même temps à comprendre sa propre passion pour cette femme qui l’a accompagnée pendant toute une vie de chercheuse. Nous la suivons dans les archives de la bibliothèque municipale de Vienne où se trouve la correspondance entre Bachmann et l’un de ses premiers amants : l’écrivain, critique de théâtre et promoteur de jeunes talents Hans Weigel, de 18 ans son aîné. La lecture de ces lettres inédites lui apporte un tout nouvel éclairage sur cette période décisive dans la vie de Bachmann : sur ses euphories mais aussi sur ses troubles, ses angoisses et sa constante dévalorisation de soi. Ainsi, Rétif nous laisse participer à ses recherches sur l’origine des scènes de violence et d’abus profondément inscrites dans son œuvre mais doit finalement avouer que les causes de ses souffrances, qui mèneront à sa pharmacodépendance et à son horrible accident mortel, resteront probablement à jamais inconnues.
Vera Viehöver
CIRTI - Littérature allemande
Françoise Rétif, Ingeborg Bachmann. Ce qui est vrai, Vandenhoeck & Ruprecht , 2021, 114 p.
