Francis Groff : Casse-tête à Cointe
Cointe. En haut de sa colline éponyme, un quartier de Liège à la fois si près et si loin de l'agitation urbaine. Ses allées ombragées, ses villas cossues à l'abri de leurs haies vives, son impressionnant mémorial interallié, fusée ou phallus de pierre narguant les nuées, son dépôt d'Archives de l’État animé et son hôpital psychiatrique quasi hors du temps. Enfin, son observatoire à l'abandon, drapé de science en ruine et de mystères, là où démarre l'action quand deux jeunes gens passionnés d'exploration urbaine y découvrent le corps dénudé d'une femme sans tête. C'est alors que Stanislas Barberian, bibliophile « carolo-parisien », associé pour la circonstance à un chroniqueur de La Meuse, se mue en fer de lance d'une enquête passionnante à l'issue de laquelle tout deviendra limpide pour le lecteur. Usant au mieux de son expérience de journaliste professionnel, Francis Groff nous offre un récit hyper documenté, rédigé avec soin – Ah ! Cette maîtrise du style indirect et des séquences en différé ! – , saupoudré de traits d'humour et riche de fenêtres culturelles dignes d'intérêt. Au final, un polar d'aujourd'hui qui tient la route, évite le piège de la parodie et fait honneur à la patrie de Simenon. À lire, absolument.
Jean-François Mortehan
Écrivain, Alumni
Francis Groff, Casse-tête à Cointe, Weyrich, Noir corbeau, Neufchâteau, 2022, 256 p.
