Annie Ernaux : Le jeune homme


ernaux

 Le jeune homme met en scène la relation vécue par l’auteure avec A., un homme de trente ans son cadet, survenue entre 1998 et 2000.

Comme souvent avec Annie Ernaux, surtout dans le cas d’un texte aussi ramassé (37 petites pages) tout est prétexte à citation tant sa prose abonde en fulgurances. On y prend ce qui résonne avec nos lubies du moment. Pour ma part, c’est l’insistance du texte sur la répétition qui m’a marqué. « De plus en plus, il me semblait que je pourrais entasser des images, des expériences, des années, sans plus rien ressentir d’autre que la répétition elle-même. » Ailleurs, « avec lui je parcourais tous les âges de ma vie ». Scènes déjà vécues, lieux et lits déjà visités. Répétitions et retours : retour à Rouen, retour aux années de fac, réminiscences incongrues d’épisodes vécus avec ses enfants. On lit Le jeune homme en un souffle et d’emblée on a envie de s’y replonger, d’en venir à bout et d’en épuiser la substance, comme on grappille d’un doigt mouillé les ultimes perles de sucre impalpable en souvenir d’un dessert qui n’est plus.

Ce serait donc ça l’étrange expérience du temps ?

Alexis Alvarez Barbosa
Écrivain, musicien, professeur de langue espagnole

Annie Ernaux, Le jeune homme, Gallimard, 2022, 48 p.

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