Gerald Durrell : Ma famille et autres animaux
Réjouissant, délicieux, drolatique et enchanteur !
Gerald Durrell, nous raconte la vie à Corfou de 1935 à 1939 vue à travers ses yeux d’enfant.
Après la mort du père, la famille anglaise quitta l’Inde britannique, où elle était installée depuis plusieurs générations, pour l’Angleterre, où le climat fut détesté. Les voilà tous, sa mère, ses deux grands frères et sa sœur, embarqués pour Corfou. Gerald a dix ans et découvre l’ile, pose un regard curieux, naïf, enthousiaste, tendre sur la nature, les animaux, sa famille, leurs amis, Corfou, les Grecs :
Sa famille, des originaux sans le vouloir et des excentriques inconscients de l’être.
Son grand frère, intelligent et rieur, inconséquent et emphatique, Lawrence Durrell, l’auteur du magnifique « Quatuor d’Alexandrie », qui avait 23 ans quand il accoste à Corfou avec sa femme Nancy (gommée du livre à sa demande, étant entretemps divorcée de Larry et remariée).
Theodore Stephanides, poète mi-Grec, mi-Britannique d’Inde, médecin et naturaliste qui nous apprend des anecdotes, traditions et légendes de Corfou.
Une brochette de personnages, le truculent Spiro, les « précepteurs » (avec des gros guillemets) de Gerald ;
L’île paradisiaque de Corfou d’avant le tourisme, dont on peut encore retrouver des traces aujourd’hui, son ambiance particulière, ses délices, ses traditions ; l’ile comme paradis perdu dont Lawrence sera nostalgique toute sa vie ;
Une infinie liberté pour cette famille où personne ne travaille ni ne va à l’école ;
Une ménagerie avec des dizaines d’animaux (Gerald allait devenir un naturaliste célèbre, fondateur du zoo de l’île de Jersey pour espèces menacées), tous encombrants et la plupart indomptables, les pies qui contrefont les voix et font tourner Spiro en bourrique, les bébés scorpions qui se répandent sur la table, le serpent dans la baignoire où Leslie veut se laver, Roger le chien-ami au pied marin,…
Le style est fin et précis, une belle plume complexe qui coule avec légèreté, d’un ton allègre, rieur, attachant. On rit, on sourit, on s’attendrit, on s’attache à toutes ces personnes. En refermant le livre, on a le cœur gorgé de doux, de gai, de bon. On revient du paradis.
Marie Derley
Écrivaine, Alumni Faculté de Philosophie et Lettres
Gerald Durrell, Trilogie de Corfou 1 : Ma famille et autres animaux, Trad. Léo Lack, éd. La Table ronde, 2014, 400 p.
