Martin Winckler : Le Chœur des femmes
J’aimerais vous parler d’un livre qu’on m’a offert : Le Chœur des femmes de Martin Winckler. L’auteur est né à Alger et il est lui-même médecin. Il a fait ses études en France. Il est également engagé pour la défense des droits des femmes. Il a déjà publié de nombreux romans et essais avant de rédiger Le Chœur des Femmes.
L’histoire se déroule dans un grand hôpital universitaire à notre époque. Il nous propose de suivre Jean Atwood (sans lien de parenté avec l’écrivaine M. Atwood) en dernière année d’assistanat en gynécologie. Jean (à prononcer Djinn) est major de sa promotion et elle ne veut pas faire de la « simple gynécologie » et écouter les « bonnes femmes » parler de contraception. Elle veut devenir chirurgienne gynécologique : réparer et reconstruire le corps des femmes.
Le monde de la médecine est assez masculin. Elle a su s’imposer de la rigueur et travailler sans compter ses heures pour arriver à ce poste. Elle n’a pas hésité à sacrifier sa vie personnelle. À la fin de son cursus, Jean pense qu’elle en sait déjà beaucoup sur la médecine. Son avenir dans un grand service de chirurgie est déjà tout tracé.
Elle doit cependant encore passer les 6 derniers mois par un stage obligatoire dans l’Unité 77 du Dr Karma, dédiée à la Santé de la Femme. Le chef de service, le Dr Karma, n’est même pas gynécologue, mais « juste » médecin généraliste. Autant dire que son CV n’impressionne pas Jean, mais elle n’a pas le choix et elle doit passer obligatoirement par ce service. Les étudiants disent des tas de choses sur ce médecin qu’ils appellent en secret Barbe Bleue. Les bruits de couloirs racontent qu’il pratique une médecine parallèle, qu’il fait régner sa loi et qu’il renvoie les assistants illico presto selon son humeur...
Dès le premier jour, tout lui semble idiot et déroutant. Après une semaine dans le service, elle va accepter un pacte : commenter une semaine de travail par écrit et débriefer avec le Dr Karma. Si elle a l’impression d’apprendre un tant soit peu, alors elle restera. Sinon, il lui signera son plan de stages sans qu’elle ne doive rester les 6 prochains mois. Jean est abasourdie qu’on puisse lui proposer cela, mais elle va se prêter au jeu.
Que vous soyez une femme ou non, que vous proveniez ou non du milieu médical, ce livre vous touchera. Martin Winckler arrive à saisir avec justesse la vie dans une unité médicale consacrée aux femmes, mais aussi à leurs vies… Celles-ci sont toujours racontées avec beaucoup de bienveillance et d’humanité. Les soignants ne pourront que se reconnaitre dans les répliques (parfois cinglantes) des professionnels de la santé. Pour les autres lecteurs, ils découvriront le milieu médical différemment.
Ce livre permet de remettre les patient·e·s au centre de la vie d’un service médical et il est une mine d’informations sur la contraception/ la sexualité/ l’IVG/les droits des femmes… Les données sont savamment distillées sous formes d’histoires, mais aussi d’extraits de blog. L’auteur animant lui-même dans la vie un blog sur les moyens de contraception.
Il ne s’agit pas d’un livre traitant uniquement de médecine, mais bien d’un roman initiatique. En avançant dans le l’histoire, on découvre les secrets de la vie de Jean… À la façon d’une enquête policière, on dénoue les nœuds de la vie de l’héroïne pour comprendre son parcours.
Florence Forte
Étudiante en Faculté de Médecine
