xinran

On connaît Xinran comme l’auteure qui fait entendre la voix des femmes chinoises dans le monde occidental.  Née en Chine en 1958 d’une famille aisée, elle n’est encore qu’une toute jeune enfant quand ses parents, jugés « réactionnaires », sont emprisonnés pendant plusieurs années. Envoyée avec son frère dans un orphelinat militaire, elle grandira éloignée des siens, et fera ultérieurement le choix d’étudier la langue anglaise et les relations internationales.

Son best-seller Chinoises paru en 2003 alors qu’elle vivait déjà à Londres, fut l’aboutissement de centaines d’interviews menées entre 1989 et 1997 par le biais d’une émission de radio qu’elle anima avant de quitter la Chine et pour laquelle, chaque nuit, elle invitait les femmes à parler d’elles, sans frein et sans tabou.

Dans Parlez-moi d’amour, Xinran donne la parole à quatre femmes, issues de la même famille tout en appartenant à quatre générations différentes. La plus âgée a 86 ans au moment de la rédaction de l’ouvrage, la plus jeune dans la vingtaine. Au fil des témoignages retranscrits, Xinran ouvre une fenêtre sur des destins particulièrement secoués par les bouleversements politiques ayant rythmé l’histoire de la Chine pendant tout le 20e siècle. Ce qui frappe avant tout, c’est cette prégnance des « forces extérieures » comme le dit Xinran (principalement les traditions et la politique) sur la vie intime des individus, qui influencent considérablement les relations sociales, le mariage, la famille, la naissance des enfants.    

On y suit les histoires d’amour de Rouge, de Verte, de Grue et de Lili. Des années 1920 jusqu’en  2015, les quatre femmes y racontent leurs récits intimes, leurs espoirs et leurs souffrances dans le contexte social et politique souvent troublé qui est le leur. Un voyage captivant dans la Chine du 20ème siècle et début du 21ème à travers le prisme du sentiment amoureux.

Rachel Delcourt
Institut Confucius ULiège

Xinran, Parlez-moi d’amour, trad. de l'anglais Françoise Nagel, Editions Picquier Poche, 2020, 475 p.

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