Julian Barnes, The Sense of an Ending (Une fille, qui danse)


Barnes

 

T

he Sense of an Ending de Julian Barnes fait partie de ces romans dont notre esprit interloqué prolonge la lecture, presque à notre insu, une fois la dernière page tournée. Au fil des quelques 150 pages de ce récit, l’auteur britannique instille à son lecteur la même soif de comprendre que celle qui habite Anthony Webster, personnage central et narrateur de l’intrigue. Retraité menant une vie bien rangée en apparence, Tony, comme l’appellent ses proches, se replonge dans son passé d’adolescent et de (jeune) adulte le jour où il apprend hériter du journal intime d’Adrian Finn, un ami de jeunesse s’étant suicidé alors qu’il étudiait à Cambridge et semblait promis à un brillant avenir. Outre la somme de cinq cents livres sterling, ce document énigmatique lui est légué par la mère de sa première petite amie. De toute évidence, le parcours emprunté par le journal pour tenter de relier Adrian à Tony en passant par la mère de Veronica (la petite amie) est tortueux et semé de multiples points d’interrogation.

Ce n’est pas un hasard si Julian Barnes a aussi publié des romans policiers sous le pseudonyme de Dan Kavanagh (La nuit est sale, 1980), car l’intrigue de The Sense of an Ending s’enchaîne telle une enquête introspective qui amène le narrateur à interroger son passé ou plutôt la représentation qu’il s’en est constitué. Le portrait initialement assez lisse d’un individu somme tout moyen, mais capable d’éveiller une certaine sympathie par son authenticité, prend un aspect plus rugueux au cours du récit lorsque surgissent certaines aspérités que la mémoire de Tony s’était appliquée à gommer.  Récit agencé avec une rare maestria, The Sense of an Ending  happe le lecteur dans la complexité des rouages psychologiques qui ont uni Tony, Adrian et Veronica. La langue épurée de Julian Barnes fait mouche et n’est assurément pas étrangère à la fascination singulière qu’exerce ce texte sur l’esprit de ses lecteurs.

 

Pierre Geron
Anglais : Linguistique, Littérature et Traduction

 

Julian Barnes, The Sense of an Ending, London: Vintage, 2012; traduit en français par J.-P. Aoustin  sous le titre Une fille, qui danse, éd. Mercure de France, 2012 et Folio, 2014.

 

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