Le CO (monoxyde de carbone)

Un tueur à gaz saisonnier muni d'un silencieux : le monoxyde de carbone (CO)

Chaque année, l'intoxication au monoxyde de carbone (CO) tue au cours de la vie quotidienne. Pour l’année 2013 le centre anti-poison a répertorié 538 accidents ayant fait 1.251 victimes dont 26 décès. Selon les chiffres du Centre Antipoisons, la plupart des victimes ont été recensées pendant les mois d’hiver, entre novembre et février.  Dans 30 % des cas, les accidents sont survenus dans la salle de bain en raison d'un chauffe-eau à gaz trop ancien ou en mauvais état de fonctionnement.

Des drames qui surviennent malheureusement aussi dans la population estudiantine de l'ULiège, rendant indispensable une information destinée à renforcer la vigilance des étudiants, prévenir les accidents aigus ou chroniques ou, d'en limiter leurs conséquences.

Qu'est-ce que le CO et d'où provient-il ?

Le CO est produit lors de la combustion incomplète (oxygénation insuffisante) de combustibles organiques : bois, butane, gaz naturel, charbon, tabac, essence, fuel, pétrole propane. Dans une habitation, plusieurs sources de CO peuvent donc coexister car différents appareils ou systèmes de chauffage sont concernés : chaudières au bois, au charbon, au gaz, au fioul... chauffe-eau et chauffe bain, inserts de cheminées, poêles, chauffages mobiles d'appoint, cuisinières (sauf les électriques), appareils de fortune type brasero), barbecues, moteurs automobiles dans les garages...

Les chauffe-eau sont les appareils les plus impliqués lors des intoxications domestiques au CO. Avec des appareils bien utilisés et entretenus, la quantité de CO produite est généralement sans danger pour la santé. Toutefois, un mauvais fonctionnement de ces appareils ou leur utilisation dans un endroit clos ou mal ventilé peut entraîner une intoxication au CO. En outre, dans les zones à forte densité automobile (rue à fort trafic, garage, parking), l'air extérieur peut être impliqué.

Le CO est un gaz sournois et toxique

Ce gaz incolore et inodore est difficile à déceler, ce qui le rend d'autant plus dangereux. Moins dense que l'air, il diffuse rapidement dans l'air ambiant et est inhalé lors de la respiration. Dans le sang, l'hémoglobine a une affinité 200 fois plus élevée pour le CO que pour l'oxygène et le CO se fixe rapidement sur l'hémoglobine (formation de
carboxyhémoglobine, HbCO).

Non seulement la quantité d'oxygène transportée par l'hémoglobine diminue mais en outre l'hémoglobine libère moins d'oxygène au niveau des tissus ce qui entraîne une souffrance importante des tissus et une asphyxie rapide des organes : dans l'air, 0,1% de CO tue en 1 heure, 1% en 15 minutes et 10% immédiatement

Les symptômes de l'intoxication au CO

Ils ne sont pas spécifiques ! Dès que le taux de HbCO atteint 5%, des effets sont visibles au niveau du système nerveux et des modifications cardiaques et respiratoires peuvent apparaître. Une perte de conscience peut survenir brutalement en cas d'accident aigu.

Des maux de tête, une vision floue, des troubles de l'attention sont des signes initiaux. A un taux de HbCO supérieur à 15%, apparaissent des nausées, des vomissements, des vertiges ou, plus grave, un évanouissement. A plus fortes doses, surviennent des convulsions et un coma. En cas d'exposition chronique, des troubles du sommeil et de la mémoire, des douleurs thoraciques, musculaires, abdominales peuvent être décrits.

Souvent, le CO tue au printemps et en automne

Un temps froid et le brouillard augmentent les risques. En effet, la dispersion des fumées est mauvaise en ces périodes. L'air vicié riche en CO se disperse peu ou pas dans l'atmosphère et la concentration en CO augmente au voisinage de la source de CO. La bonne qualité d'un appareil de chauffage ou de production d'eau chaude n'empêche donc pas qu'un raccordement déficient, un mauvais état de la cheminée ou un refoulement lors du redoux puissent provoquer une intoxication.

Certaines situations favorisent les intoxications au CO

  • mauvaise évacuation des produits de combustion (conduit de fumée obstrué ou mal dimensionné)
  • absence de ventilation dans la pièce où à lieu la combustion (par exemple utilisation d'un barbecue ou d'un brasero dans des pièces calfeutrées, sortie d'air obstruées)
  • défaut d'entretien des appareils de chauffage et de production d'eau chaude, ou des inserts, poêles, cuisinières et chauffages mobiles d'appoint

Des mesures simples de prévention sont nécessaires fenêtre ouverte

  • veillez à l'entretien et au bon fonctionnement des appareils à combustion
  • faites procéder au ramonage des cheminées et conduits d'évacuation des gaz au moins une fois par an
  • assurez une ventilation suffisante des locaux où sont placées les installations de combustion en évitant surtout d'obturer et de laisser
    s'encrasser les orifices d'aération
  • sachez que des mesures de l'air expiré avec un carboxymètre sont réalisables
  • les appareils mobiles de chauffage d'appoint fonctionnant au butane, au propane, au pétrole, ne doivent être utilisés que par intermittence et exclusivement dans des locaux ventilés
  • ne vous chauffez jamais avec des radiateurs de camping destinés à l'extérieur ou en allumant le four d'une cuisinière au gaz ou au bois en en laissant la porte ouverte
  • nettoyez régulièrement les brûleurs de votre cuisinière à gaz. S'ils sont encrassés le mélange air gaz ne s'effectue pas dans de bonnes conditions et le brûleur peut s'éteindre, notamment lorsqu'il est au ralenti. Une flamme bien réglée ne doit pas noircir le fond des casseroles

Que faire en cas d'accident ?

La formation de la carboxyhémoglobine est réversible, ce qui permet de l'éliminer par voie respiratoire soit en replaçant le sujet dans une atmosphère saine, soit en lui faisant respirer de l'oxygène, éventuellement à forte pression (oxygénothérapie hyperbare):

  • retirez la personne de la pièce d'exposition (sans se mettre en danger, le CO est inodore et incolore) et la transporter à l'air libre
  • appelez les secours
  • faites un massage cardiaque et pratiquez le bouche-à-bouche en cas d'arrêt cardio-respiratoire
  • aérez les locaux en ouvrant les portes et fenêtres

Les personnes intoxiquées, même légèrement, seront transportées vers l'hôpital et mises sous oxygénation dès leur prise en charge par les services de secours, pour accélérer l'élimination du monoxyde de carbone. A l'hôpital, les intoxiqués les plus graves seront placés en caisson hyperbare pour une séance de 90 minutes.

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