Marion Bello : Des excuses pour les chiens
C’est fête à l’école primaire Saint-François de Gemoz, village de Haute-Savoie frontalier avec la Suisse. La fête ? Pas pour tout le monde puisque dans un mouvement de colère, Alex Lugli, père prétendument modèle et président de l’association de parents, agresse devant témoins le petit Vassili. S’ensuit un poisseux ballet de négation collective, de loi du silence, d’intimidation des témoins, de dédouanement du coupable et de culpabilisation des victimes, le garçon et ses parents. Un écœurant manège qui touche Lorraine, maman du petit Gaspard – un ami fidèle de Vassili – au plus profond d’elle-même. Pourquoi ? Retour à Omelcourt, berceau de son enfance, pour des vacances d’été en famille dans l’œil d’un cyclone dont la quiétude d’apparat tient sur le fil d’un rasoir si tranchant qu’il blesse par son omniprésence. Que faire donc ? Y demeurer et souffrir, sur cette lame, ou ouvrir l’écluse des non-dits qui perdurent depuis trop longtemps sur un passé gorgé d’immondices ? Lorraine fait son choix. Et à la rentrée scolaire, c’est une autre femme à laquelle Alex Lugli a affaire.
« Des excuses pour les chiens » est un roman, le premier de Marion Bello, qui suscite des réactions épidermiques. On n’en ressort pas indemne. L’auteure fait mouche en offrant une écriture ciselée, parsemée d’humour noir, de cynisme et de cœur qui confère à l’œuvre une saveur aigre-douce. En refermant ce livre, une phrase, une seule bouillonne dans les tripes du lecteur : « Moi non plus, je ne me laisserai plus faire ».
Stéphanie Gérin
Écrivaine, Génétique et physiologie des microalgues
Marion Bello, Des excuses pour les chiens, Éditions Belfond, 2022, 316 p.
