Maïa Fansten et alii (dir) : Hikikomori, ces adolescents en retrait


Fansten

 

À l’heure où nous sommes obligés de rester chez nous, qu’en est-il de ceux qui font le choix de quitter la société pour s’enfermer chez eux ?

ひきこもり, ou « hikikomori » en japonais  signifie « personne vivant en marge de la société », il s’agit de personnes se retirant de la société par rejet de la compétition qu’elle soit d’origine scolaire ou professionnelle. L’isolement est vécu comme sécurisant face au monde extérieur considéré comme oppressant. Pour les adultes en devenir, la situation est grave car ils évitent d’entrer dans une dynamique de transformation personnelle qui s’opère par précisémment la socialisation. Bref cela empêche d’une certaine façon un adolescent de devenir adulte.

Les hikikomori représentent 700.000 personnes au Japon. Le phénomène se cumule le plus souvent à un autre : l’addiction aux écrans (et aux jeux vidéo) mais c’est la conséquence du choix de la déscolarisation et non la cause. La fin de l’emploi à vie au Japon a vécu, la pression scolaire garantissait l’emploi or ce ne fut plus le cas et certains jeunes se sont mis en rupture scolaire car à leurs yeux l’effort à consentir n’en valait plus la peine. 

Le livre est écrit par une équipe franco-japonaise, il est très intéressant selon moi car il montre une approche multidisciplinaire du sujet (sociologique, anthropologique, psychiatrique, psychopathologique, ...) et il est illustré par de nombreux exemples (ainsi un jeune adulte japonais échouant de peu lors de son examen de promotion verra sa vie basculer totalement du jour au lendemain, …).

Ceci dit, le phénomène hikikomori pose une bonne question: les idéaux de nos sociétés modernes sont-ils devenus des impératifs sociaux insupportables pour lesquels il serait peut-être préférable de s'abstenir puisque offrant peu et exigeant trop ?

Robert Mary
Élève libre en psychologie et philosophie

Maïa Fansten, Cristina Figueiredo, Nancy Pionné-Dax, Natacha Vellut (dir.), Hikikomori, ces adolescents en retrait, Paris, Armand Colin, col. « Regards psy », 2014, 212 p

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