Langston Hughes : Mes beaux habits au clou


Hughes

Un livre rare, à lire par goût mais aussi comme un jalon capital dans l’histoire culturelle des États-Unis : Langston Hughes fut un des principaux représentants de la Renaissance de Harlem, ce mouvement littéraire noir qui, dans l’entre-deux-guerres, œuvra pour l’émancipation culturelle des Noirs. Ce livre montre une écriture au croisement de la poésie et de la création populaire et collective : un poète se manifeste comme tel en écrivant des blues dans la langue même des Noirs qui en sont les locuteurs et dont il se fait l’interprète. On l’a critiqué pour avoir introduit cette langue dans la forme poétique ; or c’est bien sûr cela même qui fait la valeur de l’œuvre : conservatoire d’une histoire, d’une souffrance, cette langue a tous les traits d’une authenticité : aucune situation, aucune expérience n’est éludée ; joies, douleurs, violences, désespoir, tel est le blues. Il était évidemment indispensable que cette édition française fût bilingue ; si grande que soit la qualité de celle-ci, dans la restitution linguistique, on ne peut se passer de l’original pour entendre les voix noires qui, définitivement, n’avaient ni la vie ni le langage des Blancs.

Gérald Purnelle
Histoire des formes poétiques contemporaines

Langston Hughes, Mes beaux habits au clou, Trad. Frédérique Sylvanise, Joca Seria éditions, 2019, 80 p.

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