La Salle académique : Commentaire de la visite virtuelle


Visite virtuelle

La salle académique est très nettement de style néoclassique très utilisé dès la fin du XVIIIe siècle pour les bâtiments officiels. Conformément à ce goût néoclassique, les oeuvres qu'elle contient sont marquées par l'anticomanie.

La grisaille

Au-dessus de la tribune, on peut admirer la grisaille d'Alexandre Rifflaert.

L'oeuvre représente le roi Guillaume Ier, fondateur de l'Université, remettant des couronnes de lauriers aux premiers diplômés, emmenés par la déesse Athéna-Minerve (remarquez la couette sur son casque) et accompagnés par deux Victoires ailées.

À gauche, un groupe allégorique figure la Ville de Liège, devant le perron, dictant à la Mémoire les noms des ses illustres enfants. Sur la stèle, on peut lire les noms de Méan, Lombard, Rennequin, Reynier, Bertholet, Lairesse, Carlier, Fassin, Delcour, Natalis, Grétry et Velbruck.

Le roi est représenté entre deux personnages: Hercule à gauche, symbolisant la force, et un personnage féminin à droite, portant le sceptre, symbolisant peut-être le pouvoir.

Dans la moitié droite de la grisaille, sont évoquées les principales disciplines alors enseignées. La Justice, assise aux pieds du roi, lui tend les couronnes. Les yeux bandés, elle tient dans sa main gauche la balance et l'épée. Derrière elle, une figure féminine non identifiée tend au roi un bouquet de froment et de fleurs, et tient dans son bras gauche une statuette.

À sa droite, portant une trompette et un livre, Clio, muse de l'histoire, observe Asclépios, dieu de la médecine, assis devant elle, reconnaissable au baton qu'il tient dans son bras, sur lequel s'enroule un serpent. Chronos, le Temps, vieillard ailé portant un faucille, dévoile le globe, pendant que la Géographie manipule un compas, à côté d'un instrument indispensable à l'étude de la physique à l'époque.

Dans le décor de cette partie de l'oeuvre, on peut distinguer des voiles de navires, rappelant que Liège est un port fluvial. A droite, deux personnages versent de l'eau. Il pourrait s'agir d'une allégorie de la Meuse et de l'Ourthe. La corne d'abondance derrière Clio fait écho à la prospérité de la ville, tandis que les usines au loin parlent de son industrie florissante.

Le chronogramme

L'inscription chronogrammatique (attribuée au Pr J.D. Fuss) au-dessus de la grisaille signifie "Voici comment il ceint lui-même le laurier de l'espoir de la douce patrie". Elle donne la date de 1824, date de l'inauguration de la Salle académique.

Les stucs et statues

Au-dessus de chaque porte, se répète le même relief qui représente deux figures féminines tenant une couronne de lauriers, le tout dans un réseau de rinceaux.

Au-dessus de la grisaille, derrière la tribune, deux figures ailées supportent les armoiries de Guillaume Ier et sa devise "je maintiendrai".

La couronne de lauriers, déjà présente sur les portes, est encore utilisée comme élément décoratif au plafond. Ici, elle entoure la lettre W, pour Willem (Guillaume en néerlandais).

L'hémicycle est couvert d'une voûte faite de caissons trapézoïdaux à décoration florale et de rosaces dorées à la feuille.

L'architecture de la Salle académique comporte 6 niches en cul-de-four qui accueillent des statues porteuses d'une symbolique importante.

En bonne place, derrière la tribune, la Justice les yeux bandés, tenant la balance de sa main droite et une épée de sa main gauche. La balance symbolise la recherche approfondie des éléments qui pèsent dans la décision du juge, lorsqu'il doit trancher (épée).

À droite de la grisaille, une statue féminine symbolise la Sagesse (chouette) et l'Espérance (ancre).

Dans les vestibules, aux deux entrées de la Salle académique, se trouvent les statues d'Athéna et de Hermès. Dans les escaliers menant au 1er étage, se trouvent les deux dernières statues, selon toute vraisemblance Asclépios et Apollon.

Athéna (Minerve) : cette divinité, sortie toute armée et casquée du crâne de Zeus, apparaît comme le symbole du combat réglé à l'opposé de la force brutale. Par l'influence heureuse de sa raison et de sa pensée réfléchie et subtile, Athéna apporte aux lettres et aux arts l'énergie et l'inspiration nécessaires à un rayonnement spirituel étendu et constant.

Hermès (Mercure) : Les Grecs le vénéraient comme patron de la parole persuasive, inventeur de la lyre, maître des passages, ce qui en faisait à la fois le messager des dieux, le patron du commerce et le guide des âmes vers l'au-delà. Ses attributs habituels sont représentés ici: la bourse, le pétase (chapeau rond) ailé, le caducée et les sandales ailées. Le caducée (sceptre du héraut) est composé d'un bâton autour duquel s'enroulent deux serpents qui se font face à son sommet.

Asclépios (Esculape) : Fils d'Apollon, il est un héros qui deviendra le dieu de la médecine. Il est généralement représenté avec un bâton (qu'on confond souvent avec le caducée d'Hermès) et un serpent. Ici, il tient dans sa main droite des herbes guérisseuses. Le culte d'Asclépios était très important à Epidaure: c'est là qu'on allait chercher la guérison, dans le grand sanctuaire extra-urbain où vivaient des serpents non venimeux.

Apollon : Les Grecs voyaient en Apollon le dieu de la pensée fulgurante et précise. Patron des arts, de la poésie et de la musique, il passait pour inspirer les poètes et pour répondre aux interrogations de ses fidèles dans le célèbre sanctuaire de Delphes où la Pythie rendait ses oracles.

Le blason de l'Université a été installé à gauche d'une des portes d'entrée de la Salle académique. Avant la restauration, il était derrière la tribune.

Ces armoiries ont été octroyées à l'Université de Liège en 1967. On y trouvera, en 1 et 4, le perron liégeois, entouré du L et du G, du mot LGe, en or "de gueules" (c'est-à-dire sur fond rouge). En 2 et 3, en rouge sur fond or, se détache un grill rectangulaire à cinq barres, avec une tige annelée, entouré de quatre coquilles Saint-Jacques.

Le domaine du Sart Tilman était jadis la possession de l'Abbaye de Saint-Jacques et de l'Abbaye de Saint-Laurent. Les coquilles de Saint-Jacques, que l'on retrouve dans les écus de l'ancienne Abbaye liégeoise, étaient portées par les pèlerins du Moyen-Âge, à Saint-Jacques de Compostelle. Quant au grill, il figurait sur une des bornes du domaine de l'Abbaye Saint-Laurent. Il symbolise le supplice du grill que le saint dut subir en 258.

Le budget de la restauration s'élève à plus de 2.760.000 euros financés principalement par l'Université de Liège et la Région wallonne avec une aide complémentaire de la Ville et de la Province de Liège.

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