Rachel Sassi : replis de l'anthélix
replis de l’anthélix, c’est d’abord un livre qui offre à la paume sa peau parcheminée de légers creux comme autant de chemins entrouverts, telles ces voies aux aiguillages multiples dont la photographie apparaît en quatrième, et une première de couverture rose, qui pourrait rappeler la couleur de la petite culotte sur édredon blanc de Lost in Translation — ici, toutes les associations libres sont permises, car replis de l’anthélix est un carnet de rêves, les rêves de Rachel Sassi. Un disque noir apparaît au centre du lit de la couverture, comme pour nous inviter à céder au gouffre du sommeil, ou à y plonger, tout entier, notre regard.
Ce n’est pas seulement l’oeil, qui est ainsi appelé, mais également l’oreille — l’anthélix est une région semi-circulaire du pavillon de l’oreille — puisque l’autrice a sculpté ses rêves pour leur faire revêtir la forme de courts poèmes en vers libres. Chacun d’entre eux se dévale comme un escalier en spirale… La succession de lieux et d’événements disjoints semble évidente, les intuitions et intentions se fondent en certitudes, la pureté abrupte des émotions nous saisit. Le terme onirique semble presque insuffisant pour qualifier le livre de Rachel Sassi, qui ne contente pas d’évoquer l’expérience du rêve, mais la restitue avec acuité, nous la révèle dans sa plus intacte étrangeté. Une invitation singulière à se perdre dans des dédales rêvés.
Catherine Barsics
Écrivaine, Département de Psychologie
Rachel Sassi, replis de l’anthélix, photographies de Joseph Charroy, Primitive Éditions, 2022, 140 p.
