Pascal Goffaux : La nostalgie de l’aile


Goffaux

Ces souvenirs d’un homme qui ne s’avoue que peu de réalité, et qui se trouve bien embarrassé du peu qu’il se reconnaît, constituent une fulgurante méditation symbolique sur l’absence à soi-même. Coincé entre deux « frères manqués », un frère avorté et un aîné, Philippe, vivant au rez-de-chaussée chez leur tante, Pascal (dont le prénom signifie « passage ») grandit au premier étage dans une sorte de paradis sans ange. Cette situation personnelle et familiale donne au récit un ton singulier, entre autobiographie et conte initiatique. Divers thèmes qui peuvent sembler classiques dans la littérature prennent ici une résonance particulière : l’absence à soi-même, la sensation permanente d’être hors de son corps — d’où la vocation de la radio, où l’on s’adresse à un absent — mais aussi les thèmes de l’ange, « évidente présence de la beauté », de l’amitié, rencontre du « frère manqué », et la recherche scripturale, celle des mots qui dissolvent les images pour atteindre la substance. De ce subtil camaïeu d’absence, je retiendrai surtout cet apologue où la pauvreté tire toute sa richesse de la dépossession — et de la suppression des mots superflus. Un homme riche monte sur la montagne avec son fils et lui dit : « Regarde, tout ce que tu vois là, un jour, t’appartiendra ». Un pauvre à son tour gravit la montagne avec son fils et lui dit tout simplement : « Regarde ».

Jean Claude Bologne
Écrivain, Alumni Faculté de Philosophie et Lettres

Pascal Goffaux, La nostalgie de l’aile, Photographies Laurent Quillet, Esperluète, 2022, 72 p.

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