Pierre Benoit : Monsieur de la Ferté


Benoit

Pierre Benoit n’est pas un poète maudit qui meurt avant que son génie ne soit reconnu par tous. Non, le génie littéraire de Pierre Benoit était apprécié à sa juste valeur de son vivant. Romancier à succès, académicien ; à sa mort, il donna son nom à un boulevard dans son village de Ciboure. Marcel Pagnol s’enorgueillit de cela, pensant qu’ainsi « il ne restera pas comme un pharaon embaumé dans sa seule gloire littéraire ». Mais Pagnol se trompe. Pierre Benoit n’est effectivement pas un poète maudit : c’est un poète oublié, un poète débiné. On n’ose retirer la pesante chape de plomb inconsciemment déposée sur son oeuvre depuis cinquante ans. Plus le temps passe, moins Benoit est illuminé… si ce n’est par le doux soleil des Pyrénées-Atlantiques sur les humides pavés de Ciboure. Et pourtant, de son immense culture historique mêlée à son expérience de voyageur aguerri naît, en 1934, une oeuvre romanesque « franco-exotique ».

Avec Monsieur de la Ferté, Benoit nous immerge, par sa puissante prose, dans l’impassible forêt équatoriale, entre moiteur de l’air, piqûres de mouche tsé-tsé et reptiles. Il ne suffit que d’un clignement d’yeux pour parcourir les cinq mille kilomètres nous séparant du Cameroun. Mais Benoit nous replonge avant tout dans les conflits coloniaux de la Première Guerre mondiale. Les Allemands possèdent plusieurs colonies dont le Cameroun, entouré par des colonies françaises, belges, britanniques et espagnoles. Parallèlement au front européen, la guerre en Afrique de l’Ouest éclate en aout 1914. C’est à travers les humeurs, les bonheurs et les malheurs du lieutenant de La Ferté que les pages se tournent et que la guerre au Cameroun se déroule. Face à lui, se dresse le lieutenant Von Wernert. D’un coté la France, de l’autre l’Allemagne : ils se battent par procuration, à la tête de leurs détachements noirs, pour l’honneur de leur lointaine Nation… Mais qu’ont-ils à se dire, eux, que tout oppose ? Rien, nous assureraient-ils.

Madio Fatalini
Étudiant en droit

Pierre Benoit, Monsieur de la Ferté, Le livre de Poche, 1963, 249 p.

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