Yannick Haenel : La solitude Caravage


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Dans ce livre singulier, qui n’est pas une énième biographie du peintre, Yannick Haenel tente de s’expliquer sur la relation profonde qui le lie au Caravage – une relation née avec la découverte à l’âge de 15 ans d’une image de Judith (dans un livre de reproductions où elle se trouve séparée d’Holopherne…) et qui s’approfondira en différentes occasions de sa vie jusqu’à donner naissance au projet d’un livre.

Yannick Haenel est parfaitement clair sur ses intentions : mettre de côté le « romanesque » du Caravage pour se concentrer sur la « solitude » du peintre, sur cet « espace obscur et absolu » qui est celui du combat avec la matière. C’est cet invisible que la langue puissante et poétique de l’écrivain cherche à figurer, animé par une passion scopique qui l’amène à voir et revoir les toiles du Caravage, à y découvrir de nouveaux détails, à y creuser de nouvelles perspectives, jusqu’à éprouver quelque chose de la relation exclusive qui fut d’abord celle de l’artiste avec son œuvre. L’admiration de la peinture est donc le vrai sujet de cette enquête et les grands épisodes de la vie du Caravage, aussi dramatiques soient-ils, s’énoncent et s’interprètent à la lumière des audaces de la création – de sa noirceur et de son réalisme. La solitude Caravage est, en une cinquantaine de courts chapitres, le récit d’une incandescence sensible. « Il y a dans la peinture un élargissement de la délicatesse qui s’oppose à la perte de sensation dont les vivants sont devenus l’objet : ressentir avec subtilité n’est-il pas devenu aussi précieux que rare ? »

Olivier Dubouclez
Écrivain - Dept de Philosophie

Yannick Haenel, La solitude Caravage, Folio, 2020, 336 p.

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