Kenan Görgün : Anatolia Rhapsody & François Gemenne : On a tous un ami noir


immigration

Mon premier est une « rhapsodie » qui traite de l’immigration turque en Belgique, et mon deuxième est un essai qui déconstruit les idées reçues et controverses inutiles sur les migrations dans le monde. Si mon premier mêle des souvenirs et des questionnements articulés au moyen de techniques narratives créatives dans un genre hybride qui pourrait être caractérisé de «roman essai», mon second se veut direct et efficace, un véritable manuel de survie contre les convives qui usent de l’ouï-dire et du prêt-à-porter infondés pour tenir des propos déplorables sur des conséquences chimériques de l’immigration.

Mon tout alimente une réflexion sérieuse et nécessaire sur l’immigration. Sans tomber dans les clichés, Kenan Görgün explore son identité double d’auteur belge d’origine turque vivant dans l’« exil immobile » (p. 99) ou dans « un pays fantôme dont il [lui] faut [constamment] dessiner la carte » (p. 194). Anatolia Rhapsody pose un regard critique riche et nuancé sur l’immigration turque, à travers une écriture tant poignante qu’incisive. On a tous un ami noir apporte d’autres informations essentielles soulignant, par exemple, que la fermeture des frontières ne bénéficie qu’aux business scandaleux des passeurs et des entreprises de sécurité, ou que migrant n’est pas synonyme de « misère du monde ». Le duo appuie l’idée fondamentale et réjouissante que « ce qui nous rapproche est plus grand que ce qui nous éloigne » (Görgün, p. 193).

David Lombard
Langues, lettres, et traductologie

 

Kenan Görgün, Anatolia Rhapsody, Espace Nord, 2021, 235 p.

François Gemenne, On a tous un ami noir, Fayard, 2020, 256 p.

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