Henry D. Thoreau : La désobéissance civile & Frédéric Gros : Désobéir


Desobeir

 

Désobéissance. « Buzzword » dans l’actualité et allié des activistes de diverses causes humanitaires, la désobéissance civile n’a pourtant rien de nouveau. Lorsque Frédéric Gros ne commente pas l’œuvre de Thoreau, les deux textes convergent et se complètent.

La désobéissance civile est plus qu’un simple essai. La toile de fond se tisse sur le jeune philosophe américain qui refuse de payer une taxe qui l’associerait à un gouvernement qu’il clame ne pas être sien car il supporte la guerre au Mexique et l’esclavagisme, ce qui l’amène à se faire emprisonner pendant une nuit. Au-delà de l’action symbolique, Thoreau veut secouer les consciences, encourager hommes et femmes à vivre selon leur nature humaine, laquelle sous-entend une responsabilité morale et civile, une prise d’actions d’abord individuelles et puis collectives contre la tyrannie d’une « machine » gouvernementale qui dépasse même ceux qui prétendent la diriger.

Frédéric Gros, philosophe français, complémente le texte fondateur de Thoreau, en réalisant l’archéologie de la notion de « désobéissance », de Diogène à La Boétie sans oublier Thoreau. À l’ère où l’obéissance cause parfois plus de désastres que son antonyme, et que l’anesthésie morale causée par le « monde technico-bureaucratique » (p. 127) se fait de plus en plus ressentir, Gros rejoint Thoreau dans sa volonté de retour à un contrat social réaliste où il est possible de faire politique ensemble. Deux textes qui arrondissent (ou aiguisent ?) les angles en marge de crises multiples.

David Lombard
Langues, lettres, et traductologie

Henry David Thoreau, La désobéissance civile, Trad. Jacques Mailhos, Gallmeister-Totem , 2017, 38 p.

 Frédéric Gros, Désobéir, Flammarion–Champs Essais, 2019, 272 p.

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