Mauricio Electorat : Petits cimetières sous la lune
Le roman Petits cimetières sous la lune, de l’écrivain chilien Mauricio Electorat, sorti originellement à Santiago de Chile en 2017, a de quoi séduire le lecteur francophone. Son titre fait écho au texte Les grands cimetières sous la lune, que Georges Bernanos publia en 1938, l’année de son départ pour l’Amérique latine. À l’anti-franquisme de Bernanos fait pendant la posture anti-Pinochetiste d’Electorat. Et tout comme Bernanos abandonna la France pour le Brésil, le héros de l’auteur chilien, un jeune étudiant désireux de faire une thèse en linguistique à la Sorbonne, traverse l’Océan. Il quitte le Chili avec l’intention d’échapper à son milieu et à sa famille conservatrice. Avec une ironie exquise, l’auteur aborde les différences idéologiques qui séparent les Chiliens à partir d’une relation compliquée entre un père et un fils. Ce récit de filiation pourra également plaire aux amateurs de romans policiers, puisqu’il s’organise autour d’une disparition, d’un meurtre et d’une recherche de la vérité. Roman « noir », il ne s’agit pas ici d’une histoire sombre sur les crimes de Pinochet ou les difficultés auxquelles se voient confrontés les exilés latino-américains à Paris. Au contraire, il captive le lecteur par l’agilité de ses dialogues, la quantité de situations familières qui provoquent le sourire et, surtout, l’humour bienveillant avec lequel l’auteur donne vie à ses personnages.
Kristine Vanden Berghe
Langue et littératures espagnoles et hispano-américaines
