Aksinia Mihaylova : Ciel à perdre


Mihaylova

Les vers d'Aksinia Mihaylova forcent le respect. Pas seulement parce que leur auteure, bulgarophone, ne les a pas écrits dans sa langue maternelle, mais dans ce français qu'elle aime tant. Pas seulement parce que ses deux premiers (et uniques) recueils publiés en France, Ciel à perdre (2014) et Le Baiser du temps (2019), ont été récompensés, respectivement, par le prix Apollinaire et le prix Max Jacob. Non. Si l'on referme Ciel à perdre avec admiration, c'est avant tout parce que l'on sait qu'on vient de se frotter à l'une des voix poétiques les plus importantes de notre temps. La poésie d'Aksinia Mihaylova est une poésie du murmure, de la confidence, de la connivence. On ne lit pas ses mots ; on s'attable avec eux sous la tonnelle d'un jardin, on passe à leurs côtés de longs moments d'une intense amitié. Ses textes, s'ils sont ancrés dans la réalité la plus quotidienne, la plus triviale, ne sont simples qu'en apparence. Au premier abord, l'univers qu'ils ouvrent est prosaïque, sans surprise ; mais très vite – on ne sait jamais trop quand, ni où – au détour d'une image étonnante, d'une tournure étrange, un mystère indécelable apparaît et vient brouiller ces rassurants repères. C'est de ce flottement entre douceur et inquiétude, familiarité et étrangeté, amour et désamour, que Ciel à perdre tire toute sa force. À bon entendeur...

Félix Katikakis
Auteur  - Étudiant en Philosophie et Lettres

Aksinia Mihaylova , Ciel à perdre suivi de Le Jardin des hommes, Trad.  Aksinia Mihaylova et Dostena Lavergne, Préface Guy Goffette, Poésie/Gallimard, 2021, 224 p.

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