Alejo Carpentier : Le partage des eaux
Résumer Le partage des eaux (Los passos perdidos) n’est pas une mince affaire… On peut, au mieux, en donner l’argument général tout en conseillant aux potentiels futurs lecteurs d’oublier rapidement celui-ci, qui trahit invariablement, pour se plonger corps et âme dans ce roman.
Un argument donc… Un musicologue et compositeur, débordé par la futilité de la vie dans une grande ville décide, sur proposition d’un ancien professeur d’Université, d’entreprendre avec sa maîtresse un voyage au cœur de la forêt vierge sud-américaine à la recherche d’instruments de musique primitifs. Alors qu’il s’enfonce dans les profondeurs de la forêt, le personnage se débarrasse de son encombrante maîtresse, tombe amoureux d’une indienne et s’installe dans un village situé à plusieurs jours de marche de la civilisation. Là, il goûte aux joies d’une vie naturelle et simple et retrouve ses talents de compositeur. Récupéré par une équipe mobilisée suite à sa disparition, il regagne le monde avec dégoût et n’aspire qu’à rejoindre le cœur de la forêt. Ce qu’il accomplit. Mais le charme est rompu. La chance a passé. « Aujourd’hui ont pris fin les vacances de Sisyphe. »
Qu’importe ces péripéties, l’essence du roman est ailleurs, est partout même. Dans les innombrables (et parfois incompréhensibles) références culturelles qu’il mobilise ? Probablement. Dans la richesse et la justesse des thématiques et des réflexions qu’il aborde ? Certainement. Dans sa flamboyante écriture ? Assurément… Dans tout cela et dans le reste. Capable de vous plonger dans un gouffre de réflexion dont il est parfois ardu de s’extraire, Le partage des eaux vous offre un voyage introspectif aux confins de l’humanité, là où, parce que l’on en est extrait, on parvient à penser nos sociétés modernes.
Prix du meilleur livre étranger 1956.
Thomas Beyer
Réjouisciences
