Alexis Curvers : Printemps chez des ombres


Cruvers

"QQuand le jus a réduit, goûtez, corrigez si nécessaire l’amertume avec du sirop, et la sucrosité avec de la bière, corrigez l’assaisonnement, puis plongez-y délicatement les boulets que vous avez réservés, et laissez mijoter à feu doux jusqu’à obtention d’une sauce consistante mais fluide, ce qui vous laisse le temps de découvrir l’œuvre littéraire d’Alexis Curvers. "

C’est à la faveur de l’injonction (ironique ou pas…) clôturant cette mémorable description de la recette des boulets à la liégeoise de Philippe Marczewski, dans son excellent roman Blues pour trois tombes et un fantôme, que, bien des années après la lecture de Tempo di Roma, je retrouvai Alexis Curvers dans ses œuvres, ou plutôt dans son ouvrage, le premier : Printemps chez des ombres.

Une ville de province (aisément assimilable à Liège), un groupe de jeunes gens prêts à rentrer dans l’âge adulte, des jeunes gens qui vouent un culte au subtil, qui doutent, qui s’ennuient, qui tombent amoureux, qui souffrent… Printemps chez des ombres raconte tout cela, et bien plus évidemment, en se centrant sur les Colbat et plus précisément sur Yvonne, seule fille de la famille. Chemin faisant, les membres du groupe s’engagent dans diverses voies, fuient ou fuguent. Seule reste Yvonne, ombre parmi les ombres, acceptant son Spleen et sa souffrance, elle accepte aussi son destin avec fatalisme.

Après la publication d’un premier ouvrage, Bourg-le-Rond, (co-écrit avec Jean Sarrazin et signé « Jean Hubaux »), Alexis Curvers publie Printemps chez des ombres en 1939. Agréablement désuet, ce roman est écrit avec finesse, élégance et justesse. On y découvre la superbe plume de l’écrivain liégeois et certains grands thèmes qui fleuriront, vingt ans plus tard, dans Tempo di Roma.

Thomas Beyer
Réjouisciences

Alexis Curvers, Printemps chez des ombres, Espace Nord, 1990, 340 p.

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