Nuccio Ordine : L’utilité de l’inutile. Manifeste
Dans le contexte inédit qu’il nous est donné de vivre cette année, alors que notre société en était jusqu’il y a peu réduite à ses activités dites «essentielles», cela laissant en retrait le secteur culturel, j’ai trouvé du réconfort dans ce manifeste du philosophe et critique littéraire italien Nuccio Ordine, L’utilité de l’inutile.
Dans un texte concis, articulé autour de multiples citations qui en font un réel carrefour de discours, l’auteur explore les échos de l’oxymore évoqué par le titre dans les classiques de la littérature. Ardent défenseur de la libre pensée, l’éducation et la créativité, il construit son argumentation en faveur de l’utilité insoupçonnée des savoirs humanistes ainsi que scientifiques dépourvus de fins utilitaires immédiates, et démystifie le culte de l’utilité, la possession et l’incessante recherche de profit.
Se traçant un chemin entre les réflexions de grands philosophes comme Platon, Aristote, Kant, Montaigne, Locke, Heidegger, Cioran, Herzen, Newman…, ainsi que des grands écrivains de l’Histoire, tels que Dante, Pétrarque, Ovide, Shakespeare, Dickens, Baudelaire, Hugo, Ionesco, Cervantès, García Lorca et García Márquez, l’auteur amène à constater les dommages causés par cette obsession pour l’utile et la quantitas (opposée à la qualitas). Ainsi, il dénonce le clientélisme dans les universités, la bureaucratie qui étouffe l’Éducation, le crépuscule des antiquaires et des bibliothèques historiques et rappelle l’importance de chercher le plaisir et la beauté dans l’étude, la connaissance et l’art pour retrouver la dignitas hominis, entre autres au travers de ces penseurs et écrivains qui nous ont, pour beaucoup, changé la vie.
Auréline Mossoux
Alumni Faculté de Philosophie et Lettres
