Yasunari Kawabata : Les belles endormies


Kawabata

Lecteurs modernes hypersensibles s’abstenir : dans une étrange demeure, des vieillards en mal d’amour viennent passer la nuit aux côtés de jeunes filles endormies sous l’effet d’un puissant narcotique. Mais que l’on se rassure, le scandale s’arrête là : impuissants (dans tous les sens du terme) devant le spectacle de l’inaccessible beauté, ces fantômes d’hommes n’aspirent qu’à se réchauffer, une dernière fois, à la flamme de la jeunesse.

Dans ce court roman publié en 1961 par le Japonais Yasunari Kawabata (prix Nobel de littérature), nous plongeons dans l’univers mental du vieil Eguchi. Au fil de ses visites nocturnes, il se souvient de sa jeunesse et de ses amours mortes dans ce qui s’apparente (et c’est bien là le thème du livre) à une méditation poétique sur la vieillesse et la solitude. Nulle crudité, nulle impudeur à chercher donc entre les lignes. Dans une prose lumineuse et limpide, l’auteur aborde des questions qui, par leur portée universelle, donnent à l’ensemble une tonalité résolument philosophique : que reste-t-il de l’amour au seuil de la mort ? La vieillesse exclut-elle le plaisir ? L’être humain est-il condamné à la solitude ? Autant d’interrogations dont les réponses restent, et resteront, scellées sur les lèvres des belles endormies. Un roman sobre, sensible et plein d’humanité.

Laurent Fadanni
Écrivain, Alumni Faculté de Philosophie et Lettres

Yasunari Kawabata, Les belles endormies, Trad. R. Sieffert, La république des lettres, 2016, 124 p.

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