Junichiro Tanizaki : Le goût des orties


Tanizaki

Publié en 1929, Le goût des orties de Junichiro Tanizaki est un de ses chef-d ‘œuvres intimistes et autobiographiques, mais encore relativement peu connu en Occident.

Représentant le retour de Tanizaki aux valeurs traditionnelles du Japon, après avoir été fasciné par la modernisation et l’Occident, ce roman dépasse néanmoins les clivages superficiels entre les cultures et se veut également une quête d’identité pour le narrateur, qui assiste d’abord indécis et passif à l’effondrement de son mariage et des valeurs modernes de son époque.

Cette façon de se laisser flotter à travers les événements, l’amène finalement à se construire  une nouvelle identité à travers des conceptions esthétiques, l’image idéalisée de la femme et surtout l’approche aux traditions du bunraku – théâtre des poupées – auquel il fut initié par son beau-père traditionnaliste, sorte de guide spirituel, connaisseur d’art, amateur de bonne chère et des plaisirs de la vie.

Malgré les tensions relationnelles auxquelles sont confrontés les protagonistes, le roman dégage une grande sérénité, par le rythme de son écriture, mais également par la description intimiste de la narration.

Une lecture qui contraste fortement avec notre époque actuelle en perte de valeurs humaines, mais devenue par contre excessivement moralisatrice.

Le titre original « Tade kuu mushi… », première moitié d’un dicton japonais, évoque déjà cette sérénité minimaliste : «Même l’insecte qui mange la renouée poivre d’eau a ses goûts. »

Andreas Thele
Centre d’études japonaises

Junichiro Tanizaki, Le goût des orties, Trad. Kazuo Anzäï et Sylvie Regnault-Gatier, Gallimard, L'Imaginaire, 1986, 280 p.

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