Shirley Jackson : La loterie et autres contes noirs


Jackson

Si l’enfer c’est bien les autres, c’est à l’évidence dans les villages ou pire encore, dans les foyers, que cela peut se vivre le plus cruellement. Dans Songs for Drella, le bel hommage rendu à Andy Warhol, Lou Reed chante sa haine des petites villes étouffantes de sa voix la plus éraillée. C’est de sa plume la plus noire et mordante que Shirley Jackson nous parle de ces ambiances obsédantes, dérangeantes, angoissantes, cauchemardesques. Netflix a rendu l’auteure américaine, figure phare du roman gothique, célèbre en adaptant son livre La maison hantée, qui a donné la série The Hauting of Hill House.  Mais c’est dans les nouvelles de quelques pages, traduites dans ce volume, que l’écrivaine exprime le mieux son terrible talent. L’économie dramatique, très contraignante, du genre semble lui convenir comme à personne. « La Loterie », sa nouvelle la plus connue, la plus scandaleuse, lui a valu le jour de sa parution, le 26 juin 1948 « l’indignation générale des lecteurs du New Yorker », comme le décrit très bien Miles Hyman dans sa postface éclairante intitulée « Shirley Jackson, la métaphysique de l’angoisse ».  Alors loin de moi l’idée de vous spoiler ces histoires passionnantes parmi lesquelles : « La possibilité du mal », « Paranoïa », « Elle a seulement dit oui », « La bonne épouse », « À la maison », « Les vacanciers »… Ce serait presque aussi insupportable que le rituel annuel orchestré par les habitants de cette petite bourgade américaine qui ouvre le recueil…

Stéphane Dawans
Philosophe - Faculté d'Architecture

Shirley Jackson, La loterie et autres contes noirs, Trad. Fabienne Duvigneau, postface Miles Hyman, Payot & Rivages, coll. Rivages/Noir, 2019.

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