Yourcenar-feux

Suite à une crise passionnelle, Marguerite Yourcenar a composé ce recueil, qu’elle appelle « une série de proses lyriques reliées entre elles par une certaine notion de l’amour ». Il s’agit d’expressions diverses de l’éros absolu, tel que les auteurs anciens pourraient également le présenter : comme une possession, une extase, une maladie qui peut s’avérer mortelle.

Ainsi, « Feux » contient neuf histoires inspirées de personnages historiques ou mythiques provenant surtout de la Grèce ancienne (Phèdre, Achille, Patrocle, Antigone, Léna, Phédon, Clytemnestre, Sappho), mais aussi ayant fréquenté Jésus Christ (Marie-Madeleine). Entre elles, l’auteur a intercalé quelques brefs paragraphes en guise d’aphorismes sur le même sujet. Ils expriment clairement le caractère à la fois très personnel, mais aussi diachronique et universel de cette expérience extrême qu’est l’attachement entier, corps (sur lequel M. Yourcenar insistait beaucoup, à l’encontre des habitudes de son époque) et âme, au-delà de toute raison, à des personnes du même et/ou de l’autre sexe.

Le texte, finement élaboré, présente une beauté rare, à mon avis, reflétant parfaitement les multiples visages de cette émotion qui semble unique, à chaque fois qu’elle se réveille en nous. Et même si l’auteur déclare, pour commencer : « J’espère que ce livre ne sera jamais lu », je le conseille sans réserve, comme une œuvre capable de réveiller nos émotions, nos souvenirs heureux, nos craintes, nos colères, nos regrets et nos sens, d’une actualité toujours brûlante.

 

Aikaterini Lefka
Sciences de l'Antiquité

Marguerite Yourcenar, Feux, Gallimard, L’imaginaire, 1993.

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