Olivier Smolders : Nosferatu contre Dracula


Nosferatu

Le crâne bosselé et chauve, le nez drument busqué, le sourcil fourni et la dentition en chaos d’aspérités, barrée de deux longues canines ; les mains arachnéennes, comme en quête de proie, le dos légèrement bombé, le regard halluciné et avide ; « sertie dans un costume de clergyman, sévère, boutonné jusqu’au col »… Voici que se présente lentement, solennellement, la silhouette la plus inquiétante de notre imaginaire fantastique, j’ai nommé Nosferatu. Et il fallait l’audace d’un Olivier Smolders, dont le travail et les intérêts pluriels se situent à l’intersection de la littérature et du cinéma, pour s’aventurer à saisir cet insaisissable.

Dans son traçage, Smolders souligne bien entendu l’importance capitale du Dracula de Stocker et son indéniable originalité, mais il ne manque pas de la réinscrire dans une tradition où l’on rencontre des noms seulement partagés par le happy few : Polidori, secrétaire et médecin de Lord Byron, avec son personnage de dandy Lord Ruthven en 1820, l’Irlandais Sheridan Le Fanu avec Carmilla (1871). Puis il passe au grand écran et fait défiler sous nos yeux horrifiés les faciès pâles et sardoniques des acteurs dirigés par Murnau, Dreyer, Hammer, et jauge de la qualité de ces multiples adaptations.

Un livre qui se lit, avec, dans les oreilles, la version (live, please) de Bela Lugosi’s Dead, étirée et lugubre à l’extrême, par le groupe Bauhaus. Et puis, bonne nuit, si faire se pieu

 

Frédéric Saenen
Écrivain, critique littéraire, rédacteur en chef de la Revue générale
Enseignant à l'ISLV

Olivier Smolders, Nosferatu contre Dracula, Collection « La fabrique des héros », Les Impressions nouvelles, 2019, 128 p.

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