Howard Fast : Mémoire d’un rouge
Romancier prolixe issu d’une très (très) modeste famille ouvrière ukrainienne immigrée aux États-Unis d’Amérique, Howard Fast livre, dans Mémoire d’un rouge, le récit de sa vie et surtout de sa vie de « porteur de carte du Parti communiste ». De l’enfance misérable à l’expérience carcérale traumatique, ces mémoires retracent une vie riche en péripéties et en rebondissements. Elles décrivent également la naissance d’une conscience de classes et l’engagement politique subséquent avec en filigrane la découverte des grandes voix édifiantes des lettres américaines.
Mémoires. Celles du gamin des rues, livré, avec son frère aîné, à la débrouille quotidienne dans les quartiers pauvres de New-York, aux petits jobs qui permettent d’aider le père ouvrier à survivre dans une famille marquée par la perte de l’épouse, par l’absence de la mère. Celles du jeune homme impatient d’en découdre physiquement avec le nazisme et finalement relégué à incarner « la voix de l’Amérique » (censée rassurer les populations alliées en pleine seconde guerre mondiale) dans les locaux de l’Office War Information (OWI). Mémoires de « rouge ». Celles du militant communiste traqué jusqu’à la persécution (et l’emprisonnement) par les sbires de « cette vieille brute de sénateur Joseph McCarthy », celles du partisan pétrifié par le « Discours de Nikita Khrouchtchev » de février 1956 et qui finit par claquer la porte du parti sans pour autant « renier ses idéaux et ses convictions ».
Mémoires d’un rouge rassemble toutes ces mémoires (et bien d’autres encore) pour retracer une certaine histoire des États-Unis d’Amérique à travers les yeux d’un personnage malmené par un pouvoir et une société en lutte totale contre l’idéologie communiste. Avec une écriture franche et directe qui ne larmoie jamais et ne s’apitoie pas sur les hasards de la fortune, Howard Fast dénonce les dérives totalitaires de son pays (pourtant « démocratique ») en proie à une véritable psychose qui pousse à considérer comme criminel tout adversaire politique préalablement identifié comme socialiste, communiste ou simplement progressiste.
Thomas Beyer
Réjouisciences
