Oscar van den Boogaard : Mort de l'amour


Van den Boogaard

Mort de l'amour, en néerlandais Liefdesdood, est paru à Amsterdam voici vingt ans. Ce bref récit, constitué de courtes scènes, débute par une tragédie familiale : Vera, une enfant de huit ans, se noie au cours de l’été 1973. Une voisine l'a laissée sans surveillance... Le chagrin, les tensions, la culpabilité des adultes et les reproches qu'ils se font, ne constituent cependant que la trame sous-jacente du roman. Le style rythmé et bouillonnant de Van den Boogaard explore ici de nombreux registres et vivifie ce deuil en évitant les larmes. Il nous montre comment, sept ans plus tard, les parents, Paul et Oda, tentent de surmonter l'épreuve et de reprendre les commandes de leur vie. Car la mort de Vera cachait un adultère, qui replaça leur relation sous une lumière neuve. Après s’être séparés, ils reviennent l’un vers l’autre, abîmés mais ensemble. Un mystérieux incendie se déclare dans la maison voisine ; une jeune fille de quinze ans est sauvée des flammes. Le couple la recueille et veut croire à l'illusion de refonder une famille…

Ce qui impressionne à la lecture de cette histoire troublante et sans pathos, c’est sa sérénité, comme aussi l’implacable objectivité de son auteur, qui n’est pas sans rappeler l’art de Marguerite Duras. Et les questions qui sont  posées : Sommes-nous libres ou non de conduire notre existence ? Sommes-nous jouets ou moteurs de notre destin ? Oscar van den Boogaard, né en 1964, a grandi aux Pays-Bas et au Surinam. Il vit entre Anvers, Bruxelles, Amsterdam et Paris. Il est considéré comme un des maîtres de la littérature néerlandaise. Mort de l'amour est son cinquième roman, le premier traduit en français.

Karel Logist
Poète et auteur. ULiège Library

Oscar van den Boogaard, Mort de l'amour, traduit du néerlandais par Marie Hooghe, Sabine Wespieser éditeur, 2003, 181 p.

 

Retourner à la page des Lectures pour l'été 2019

>> Suivant

Share this page