Masahisa Fukase, Simon Baker et Tomo Kosuga : Masahisa Fukase
Première monographie à retracer le parcours et l’œuvre du photographe japonais, l’ouvrage, sobrement intitulé Masahisa Fukase, est sorti dans deux versions, l’une anglaise et l’autre française. Parmi l’un des plus emblématiques photographiques nippons de sa génération, Masahisa Fukase connut en 1986 la consécration mondiale avec son chef-d’œuvre, Karasu. Porté aux nues par la critique photographique, élu en 2010 meilleur album photographique des vingt-cinq dernières années par le British Journal of Photography, Karasu se concentre, par le biais de photographies monochromes au grain et aux contrastes prononcés prises au téléobjectif, sur la figure poétique du corbeau, allégorie pour l’artiste du retour chez soi, de l’obsession et du deuil. Cette dimension autobiographique traverse de part en part le geste créatif de Masahisa Fukase. Le reste de sa riche production artistique, mobilisant à la fois la couleur et le noir et blanc, les appareils reflex et les point and shoot, le polaroïd et le collage, demeurait pourtant il y a peu encore largement méconnue. En 1992, des suites d’une vie rongée par la dépression et l’alcoolisme, il fit une lourde chute dans les escaliers d’un bar de Shinjuku à Tokyo, accident le laissant muet, alité et dépendant de soins hospitaliers pendant les vingt années suivantes. Son travail, étalé sur plus de trois décennies d’expérimentation, fut frappé par la même malédiction : inaccessible et invisible.
C’est en 2014, deux ans après sa mort que fut créé un fonds d’archives ayant pour objectif d’assurer le rayonnement de son œuvre, ouvrant la voie aux premières expositions de son œuvre dans le monde depuis près de trente ans. Cette monographie de 413 pages est la première publication à offrir un panorama complet de la trajectoire photographique de Fukase. Largement illustrée de reproductions de qualité d’une multitude de clichés de chacune de ses séries, l’œuvre est commentée et analysée par Tomo Kosuga, directeur de la Masahisa Fukase Archives, et Simon Baker, directeur de la Maison Européenne de la Photographie. Cet ouvrage, édité par maison Xavier Barral, est plus qu’une somme de textes et d’images ; c’est un véritable objet d’art, dont la reliure, la qualité du papier et la conception graphique reflètent le soin pris dans l’élaboration de ce livre pensé par et pour les photographes et amoureux du huitième art.
Kevin Jacquet
ULiège Library
