Robert Penn Warren : Tous les hommes du roi


Warren

Tragédie du grand sud américain, Tous les hommes du roi (1946) raconte l’irrésistible ascension de Willie Stark, animal politique taillé comme un héros de film noir, en même temps qu’il nous plonge dans l’âme de Jack Burden, journaliste de profession, qui est aussi le narrateur de ce roman faulknérien.

Entre manigances politiques et luttes d’influence, amours brisées et alliances réversibles, le récit suit une trajectoire implacable que préfigure, dès sa première page, la voiture de Sugar Boy lancé à toute vitesse entre le « vert arsenic des rangs de coton » et le « bleu palpitant, métallique et violent du ciel » – entre la fatalité de la mort, faut-il comprendre, et le mirage trop humain d’une ascension vers les hauteurs. Pourtant, en dépit de cette pente obscure, l’écriture de Robert Penn Warren est toujours souple et souriante ; elle manigance, elle aussi, multiplie les images inattendues, les raccourcis comiques, les embardées audacieuses.

La vérité « qui est aussi noirceur » n’apparaîtra que lentement, au terme d’une longue enquête sur soi-même dont le bien nommé Jack Burden paraît d’abord incapable. Roman du huis-clos et des grands espaces, cet ouvrage de l’un des plus grands écrivains américains du XXe siècle vient installer son lecteur, fasciné par la netteté de ses images, au carrefour de la littérature et du cinéma.

Olivier Dubouclez
Département de Philosophie

Robert Penn Warren, Tous les hommes du roi, trad. fr. P. Singer,  Monsieur Toussaint Louverture, 2017, 637 p.

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