Dick Tomasovic : Batman. Une légende urbaine


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Tout le monde connaît Batman, ce héros légendaire issu des comics américains, dont les aventures ont été maintes fois adaptées au cinéma (on pense notamment à Tim Burton, à Joel Schumacher et bien sûr à Christopher Nolan...) et dont la figure noire, avec son masque et sa cape en forme d'ailes de chauve-souris, nourrit autant les rêves que les peurs des enfants,  et se veut le cauchemar nocturne des criminels des bas-fonds.

Mais Batman n'est pas qu'un super-héros pour geek, fan de comics au fait des codes du genre, ni une simple figurine de merchandising en plastique vendue par camions. Batman est un mythe, une construction fantasmagorique, qui n'a cessé d'être remodelé au fil du temps et dont il est absolument passionnant de décortiquer, couche après couche,  tout ce qu'il nous révèle, en sous-texte, en filigrane, des différentes époques de la société américaine contemporaine dans lesquelles il fut à chaque fois recréé, de 1939 à nos jours.

C'est un des propos de ce Batman. Une légende urbaine, le nouveau livre – quelle couverture magnifique ! – de Dick Tomasovic, professeur à l’Université de Liège en Études cinématographiques et en Théories et pratiques des arts du spectacle.

Dix-sept ans après Le Palimpseste noir. Notes sur l'impétigo, la terreur et le cinéma américain contemporain, paru aux éditions Yellow Now, qui  nous proposait déjà une exploration inédite, analytique,  des productions hollywoodiennes "néo-noir", en révélant de leurs profondeurs, sous de multiples couches, une série de figures sadiennes du "noir" toujours à l'oeuvre dans le monde capitaliste contemporain, Dick Tomasovic nous propose avec son Batman une autre plongée dans le "noir" – celui de GOTHAM CITY (La ville imaginaire) – et nous livre une nouvelle analyse lumineuse et brillante de cette “rumeur dans la nuit”.

Comme au cinéma. Le lecteur est mis en position de spectateur et pris par le discours qui s'enrichit de chapitre en chapitre, de séquence en séquence, et de référence en référence : “Batman est un vampire”, “Batman est un détective”, “Batman est Big Brother”, “Batman est gay”, “Batman n’existe pas”,  “Batman est Gotham”, etc. Ne vous fiez pas à l’apparente simplicité de ces quelques titres. Chacun de ces textes est une formidable démonstration de la dialectique Batman.

Pas besoin d'avoir lu ou vu toutes les cases ou scènes évoquées (quelle encyclopédie !), le plus souvent merveilleusement décrites.

Pas besoin d’être un lecteur assidu de comics ni même d’être un fan de super héros pour y trouver son intérêt, la manière dont l’auteur s’empare du sujet pour le déconstruire est un modèle d’analyse culturelle. Le livre est admirablement construit et on ne peut qu'être redevable d'être guidé avec autant d'intelligence et de profondeur dans une telle relecture de cette figure mythique de la culture pop américaine. C'est riche et complexe, mais cela se lit d'un coup. Un vrai plaisir qui donne pleinement son sens au titre de la collection nous invitant à redécouvrir nos héros.

 

François Louon
Licencié en information et communication
(orientation : cinéma et arts audiovisuels)

Dick Tomasovic, Batman. Une légende urbaine, Les Impressions nouvelles, Coll. La fabrique des héros, 2019, 140 p.

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