Pauls

En 1992, l’écrivain argentin Alan Pauls est invité à séjourner dans la Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire. Deux ans plus tard il publie Wasabi, un roman saugrenu de 150 pages dont la trame se déroule dans le contexte de cette même résidence. L’œuvre, de fait, met en abyme ses propres conditions de production. Le narrateur, projection fictive d’Alan Pauls, est hébergé similairement dans la MEET, tous frais payés, et doit rédiger en échange de l’invitation un petit texte littéraire.

À la différence de l’écrivain de chair et d’os, cependant, le narrateur de Wasabi ne parvient pas à trouver l’inspiration. Malgré tous ses efforts, il est incapable d’écrire la moindre ligne du texte qu’il est censé transmettre à ses amphitryons. De plus, son corps réagit étrangement depuis son arrivée en France. Le kyste qui affleurait discrètement à la base de sa nuque atteint des proportions démesurées, et chaque jour il subit une à trois crises de narcolepsie. C’est durant l’une de ces crises, d’ailleurs, que l’assaille une pensée illuminatrice : tuer l’écrivain et peintre français Pierre Klossowski. L’idée acquiert rapidement le caractère absurde et fixe de l’obsession, et devient bientôt l’axe d’articulation du roman.

Nicolas Licata
Langues et littératures espagnoles et hispano-américaines

Alan Pauls, Wasabi, Traduit de l’espagnol (Argentine) par Lucien Ghariani, Christian Bourgois, 2006, 156 p.

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