José Carlos Somoza : La caverne des idées


Somoza

Énigmes, enquête, messages secrets… Une narration à plusieurs niveaux qui s’entrecroisent, se mêlent, et parfois se confondent… La Caverne des idées est un roman très original dans sa forme, que Somoza s’est manifestement beaucoup amusé à écrire.

Le récit principal est censé provenir d’un papyrus antique qui raconte une enquête pour meurtre à Athènes, au temps de Platon, menée par Héraclès Pontor, un « déchiffreur d’énigmes »,  sorte de détective privé, qui ne se fie qu’à ses observations et à son raisonnement. Héraclès Pontor est engagé par Diagoras, professeur à l’Académie de Platon, adepte, lui, de la supériorité de la pensée, de la sagesse et de la théorie des idées… Cette enquête va les mener dans des endroits glauques où se déroulent en secret des scènes très particulières… On nous dit que le papyrus a été perdu, mais que son texte a été recopié et commenté par un spécialiste renommé, Montalo, qui en a perdu la raison.

Un Traducteur est en plein travail sur la copie de Montalo, qu’il découvre en même temps que le lecteur. Au fil des 12 chapitres, il repère des signes étranges dans le texte, des métaphores et images qui font indubitablement penser à chacun des 12 travaux d’Hercule. Dans des notes de bas de page peu conventionnelles (c’est un véritable second récit), il insiste auprès du lecteur : C’est une « eidesis », affirme-t-il, un moyen littéraire de faire passer des messages secrets. Il faut absolument en découvrir la clé !  Cette quête tourne à l’obsession quand le Traducteur découvre des intersections étonnantes,  et même terrifiantes, entre sa propre réalité et la fiction du papyrus, puis entre Montalo et le papyrus, puis entre Montalo et lui-même…  Les trois niveaux de narration finissent par se rejoindre dans un final surprenant.

Ce roman original est sans doute un clin d’œil à Agatha Christie, Les douze travaux d’Hercule, où Hercule Poirot (cfr Héraclès Pontor) accepte douze affaires correspondant aux 12 travaux d’Hercule. Et bien évidemment, l’allusion à l’allégorie de la Caverne de Platon est très claire. Le philosophe est d’ailleurs un des personnages secondaires. 

Claudine Simart
Service Culture

José Carlos Somoza, La caverne des idées, Trad.Marianne Millon, Actes Sud, Babel, 2003, 345p.

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