Yves di Manno et Isabelle Garron, Un nouveau monde, poésies en France 1960-2010


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À ceux qui, contre vents et marées, proclament que la poésie n'est pas morte, qu'elle est au contraire plus vivante que jamais, il manquait une arme de destruction massive, une bombe capable de pulvériser toutes les idées reçues qui circulent au sujet de la poésie contemporaine. Avec Un nouveau monde, cette bombe existe désormais. Un été n'est pas de trop pour pénétrer ce livre monumental, à mi-chemin entre anthologie et histoire, qui montre à merveille comment, à coups de revues et de petites entreprises éditoriales, s'est édifié ce «nouveau monde» sur les ruines du surréalisme et des autres avant-gardes de la première moitié du XXe siècle, et donne à lire des écritures aussi différentes que celles de Bonnefoy, de Deguy, de Venaille, de Cliff, de Tarkos, de Pey, ou, moins connus, d'Albiach, de Beck, de Rouzeau...

Un bémol toutefois: même s'ils se réclament de la neutralité, et soulignent la diversité formelle de la poésie contemporaine, les auteurs ne peuvent s'empêcher de laisser percer un certain scepticisme, voire un certain mépris, dans les pages consacrées à des poètes qui, comme Réda, doutent que le paradigme de l'expérimentation perpétuelle soit encore de mise aujourd'hui en poésie, et prônent un «retour au calme». Mépris dangereux, à l'heure où, plus que jamais, la poésie doit sortir de cette logique d'expérimentation si elle entend survivre et répondre aux enjeux poétiques, si minimes soient-ils, du millénaire qui commence…  

 Félix Katikakis
Étudiant en Langues et Lettres romanes

Yves di Manno et Isabelle Garron, Un nouveau monde - poésies en France 1960-2010, Flammarion, collection Mille&une pages, 2017, 1536 p.

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