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Kobane Calling est le récit de Zerocalcare – auteur italien au succès grandissant – écrit (et dessiné) à l’issue de plusieurs voyages successifs entrepris aux confins de l’Irak, de l’Iran, de la Syrie et de la Turquie, afin d’approcher le Rojava, cette bande de terre syrienne autoproclamée autonome par le peuple kurde depuis 2011. C’est d’abord par sympathie pour le projet social du Rojava, fondé notamment sur la démocratie participative, l’émancipation des femmes et l’écologie, que l’alter ego dessiné de l’auteur entreprend ces différents périples. Mais l’objectif est multiple : outre la volonté, tournée en dérision, de s’assurer l’étiquette d’auteur « engagé » (en réalité, Zerocalcare n’est en pas à son premier fait d’armes), il s’agit aussi pour lui de confronter sa vision du conflit syrien – biberonnée aux récits médiatiques et arrimées à des références geeks – à l’expérience, forcément subjective, de nombreuses rencontres (dirigeant du PKK, combattantes du YPJ, ex-prisonnier politique turc, etc.) . Sous ses sourcils broussailleux, « Calca » promène un regard moins naïf qu’attachant, terriblement drôle et parfois pudique sur cette guerre qu’il nous fait ainsi mieux comprendre – quoi qu’en diront « tous les historiens, les géopoliticiens et les amateurs de nuances » que ses résumés, aussi schématiques qu’efficaces, pousseront malgré lui à l’infarctus.

 

Justine Huppe
Littérature française 19e-21e s. - Sociologie de la littérature

 

Zerocalcare, Kobane Calling, traduit de l’italien par Brune Seban, Cambourakis, 2016, 269 p.

 

Lectures pour l'été 2018

 

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