Nathalie Quintane, Un œil en moins


NathalieQuintane

Mai 2018, c’est l’occasion, pour Nathalie Quintane, de sortir un pavé, moins par souci de commémoration que par volonté d’affuter sa/notre sensibilité au présent. Il ne s’agit pas de recycler ou d’esthétiser les slogans d’un Mai qu’elle n’a pas connu, mais de tenter de renouveler notre « stock symbolique » pour sortir de l’actuelle « paralysie poétique totale ». Dont acte.

Un œil en moins est la chronique d’une année – du printemps 2016 à l’automne 2017 – où il s’est « passé quelque chose », une chronique tout en détours et circonvolutions : de la France à l’Allemagne, la Suisse et le Brésil, des cortèges de tête aux assemblées de Nuit Debout, de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes à la jungle de Calais, du destin de l’extrême-gauche à celui de la poésie.

À son habitude – littérale ? objectiviste ? idiote ? – Quintane se tient au ras des choses : elle documente, avec humour et intransigeance, et les violences policières et les contradictions de tout enthousiasme politique, en refusant de « couper les griffes » au temps présent. Un œil en moins reprend donc cette satanée habitude « des excités de gauchistes qui politisent tout », et qui s’esquintent, coûte que coûte, à archiver leurs réussites comme leurs échecs.

Un livre révolutionnaire, donc, au sens littéral du terme, et sans guillemets.

 

 Justine Huppe
Litttérature française 19e-21e s. - Sociologie de la littérature

 

Nathalie Quintane, Un œil en moins, P.O.L, 2018, 398 p.

 

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