Trevanian-Shibumi

Shibumi, la recherche de l’esthétisme équilibré ou de la beauté simple et discrète : « cela implique l’idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales… Cela reste une tentative maladroite pour décrire une qualité ineffable…» Extrait du livre.

Voilà l’idéal de vie que recherche Nicholaï Hel, au milieu des montagnes basques. Il peut s’appliquer à chaque acte posé dans la vie. L’art, le jardin ou la philosophie peuvent être sublimés par le Shibumi…

Initialement, on pourrait penser qu’il s’agit d’un riche excentrique, amoureux de la culture japonaise, mais en réalité, Monsieur Hel est « retraité ». En étant attentif, on se rend compte qu’il ne s’entoure que de personnes de confiance et qu’il parle diverses langues étrangères sans accent.

Tueur à gages pour les puissants de ce monde, il s’est retiré depuis de nombreuses années. Il vit maintenant au calme avec sa concubine Hana. Auparavant, il vendait ses services à ceux qui en avaient besoin « pour défendre leur cause ». Dictateur ou Président, cela importait peu…

Maintenant, tout cela est derrière lui. Il consacre sa vie à l’art de la méditation et à la réalisation d’un jardin japonais à l’ancienne. Il semble avoir définitivement tourné la page… jusqu’au jour où une jeune femme débarque dans son château médiéval. Elle a besoin de son aide. Ce dernier a -t-il envie de se battre contre cet ennemi, la « Mother Company » aussi invisible qu’omniscient ? Est-il prêt à tout faire basculer pour l’honneur ?

Le roman est divisé en 6 parties qui correspondent aux stratégies du Shibumi. Le rythme est rapide et le lecteur est invité à faire des allers et retours dans le temps. Nous sommes parfois auprès de l’ennemi américain : la Mother Company (sombre société secrète ayant pour but de protéger les intérêts américains dans le pétrole), parfois au côté de Nicholaï Hel. Comment est-il devenu un criminel de haute voltige ? Le Japon ancestral sera le décor du début du roman. Là, où la mère de Hel, Alexandra Ivanova, une ancienne aristocrate russe, l’a élevé aux côtés du général japonais Kishikawa-San. Ce dernier inculquera les valeurs du jeu de Go au jeune Nicholaï… Il dira au sujet de ce jeu : « celui-ci fait ressortir le philosophe qui est en nous…comme le jeu des échecs fait ressortir le marchand qui est en nous… ».

Shibumi n’est pas un roman d’espionnage à proprement parler. L’auteur réalise un mélange subtil entre différents genres. L’écriture est précise, mais aussi très riche et les références aux mots traditionnels japonais permettent de recréer le Japon d’avant-guerre. Les amoureux de la tradition japonaise seront conquis. Le jeu de Go sort du Goban (le plateau), pour s’inviter dans un jeu réel où les pions sont des vies humaines. La décision d’une action peut à tout moment faire basculer la partie en faveur de l’un ou l’autre des adversaires….

La poésie est omniprésente. Il s’agit d’un roman où les assassins sont philosophes. Un livre de la fin des années 70 à redécouvrir absolument cet été.

 

Florence Forte
Étudiante en Faculté de Médecine- Neurologie

 

Trevanian, Shibumi, édition Gallmeister, 2017

 

Lectures pour l'été 2018

 

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