Renato Cisneros, La distance qui nous sépare


Cisneros - La Distance qui nous sépare

Mario Vargas Llosa a dit à propos de ce livre que « l’avoir écrit démontre, en plus du talent, un grand courage ». Le mot est bien choisi pour caractériser l’entreprise ardue de l’auteur qui a décidé d’explorer et de raconter le passé d’un père au profil ambigu : Luis Federico Cisneros Vizquerra, Général de division de l’armée péruvienne et figure politique très controversée des années 1970 et 1980.

C’est à la suite d’une séance chez le psychanalyste que le narrateur –double de l’auteur– entreprend d’enquêter sur le passé de l’homme qui fut à la fois un père aimant mais autoritaire et une figure militaire connue et redoutée. À la manière d’un historien, il se met en quête des divers témoignages que peuvent lui fournir les membres de sa famille et les proches du Général ; il recherche et collecte archives en tous genres : correspondance privée, articles de journaux, photographies personnelles et portraits officiels qu’il déchiffre et interprète afin que se dessine, au fil des pages, l’histoire de sa famille et que s’esquisse, peu à peu, le portrait en demi-teinte d’un géniteur peu commun. Bien que la distance qui les sépare ne semble pas remettre en question l’amour que le fils porte au père, c’est sans complaisance que sont racontés et questionnés les choix et les actions politiques et personnels de ce dernier. Déterrer le père, écrire son histoire, c’est, selon les mots du fils, exposer les blessures cachées sous l’uniforme pour lui permettre de cicatriser. C’est également, pour l’auteur, tenter de trouver une certaine paix et le sens de son projet littéraire : donner la parole à ceux qui n’en ont plus.

 

Rahel Teicher
Langues et littératures espagnoles et hispano-américaines

 

Renato Cisneros, La distance qui nous sépare, trad. Serge Mestre, Christian Bourgois, 2017, 320 pages.

 

 

Lectures pour l'été 2018

 

>> suivant

Partager cette page