MichelLeBris

Le dernier roman de Michel Le Bris peut être lu comme un triple hommage : d’abord à Stevenson, Conrad, London, ou Melville, soit à la littérature d’aventures qu’il aime tant (Le Bris est l’un des grands spécialistes de l’œuvre de R. L. Stevenson), ensuite aux cinéastes Ernest Schoedsack et Merian C. Cooper, dont il raconte ici, sous forme de biographie romancée, la rencontre, l’amitié, le courage et le travail, enfin, plus largement, aux aventuriers et aux explorateurs de tous horizons, tous ceux qui osent affronter l’inconnu du monde (Le Bris a fondé le désormais célèbre festival « Étonnants voyageurs »).

Dans Kong, l’écrivain détaille, à travers une grande fresque de près de 1000 pages, le parcours qui a mené le téméraire et glorieux aviateur Merian Cooper et l’intrépide caméraman Ernest Schoedsack, tous deux devenus légendaires sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, à rêver ensemble l’un des films les plus fous jamais réalisés à Hollywood : King Kong. Entre les questionnements de l’après-guerre et le désastre de la crise de 1929, les deux hommes connaissent beaucoup d’aventures en voyageant aux quatre coins du monde pour rapporter de ces confins inexplorés des images inouïes, jusqu’au moment où le cinéma de fiction leur apparaît être une nouvelle grande aventure. Soutenu par un jeune producteur qui deviendra bientôt l’une des personnalités les plus importantes du cinéma américain, David Selznick, le chef-d’œuvre est en marche et jamais, semble-t-il, les deux  baroudeurs n’ont dû se montrer aussi ingénieux et valeureux que dans cette entreprise.

L’écriture de Le Bris est à la fois ample et vive. Elle retrace précisément le cadre historique de ces années 1920 et 1930 tout en emportant les personnages à toute allure dans les méandres de folles péripéties. La langue elle-même, pétillante, semble animée d’un grand souffle épique. Le livre se termine sur l’ovation réservée au film lors de sa première projection, le 7 mars 1933, au Radio City Music Hall de New York. Le lecteur se surprend alors à vouloir refermer le roman pour applaudir les cinéastes. Jamais King Kong n’a paru aussi grand. 

 

 Dick Tomasovic
Théorie et pratique du spectacle vivant et enregistré

 

Michel Le Bris, Kong, Grasset, 2017, 950 p.

 

 

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