Charles Bukowski, Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines

Bukowski

Je ne suis même pas obligé d’en dire plus, on pourrait s’arrêter à ce merveilleux titre.

Comme vous, je voyage un peu, et qui voyage attend. Petites attentes à l’arrêt de bus, longues files aux portes d'embarquement des aéroports. C’est dans ces moments où on chercherait en vain sur son téléphone de quoi se désennuyer qu’il est bon d’avoir avec soi le mince recueil de Bukowski, de l’ouvrir au hasard pour tomber sur des textes aux titres extravagants : « comment ça se passe à l’intérieur d’une conserve de pêches », « 18 voitures pleines d’hommes pensant à ce qui aurait pu arriver », « culpabilité obsessionnelle derrière un nuage de fusées »...

Bukowski y étale la mélancolie joyeusement dégueulasse qu’on lui connaît sur ses thèmes favoris (dèche, baise, alcool, déboires conjugaux) dans des poèmes poignants et drôles, et sacrément bien foutus. Voilà de la poésie pour tout le monde ! Ceux qui aiment Rimbaud et García Lorca, ceux qui n’en ont jamais lu la moindre ligne. Voilà assurément de quoi oublier le  merchandising peu ragoutant que les compagnies low cost agitent sous vos yeux à longueur de vol, croyez-moi, vous préférerez les garder vissés sur ces pages, en compagnie d’un crétin qui aime faire l’amour devant une fenêtre panoramique, d’une jeune fille avec des yeux aussi innocents que la carte du Texas étalée au-dessus des nuages.

 

 Alexis Alvarez
poète, écrivain, professeur de langue espagnole à HEC-ULiège

 

Charles Bukowski, Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, Trad. fr Thierry Beauchamp, Points, 2011

 

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