Toscana

Dans le petit village d’Icamole au Mexique, en pleine sécheresse, Remigio découvre tout au fond de son puits le cadavre d’une petite fille. Effrayé à l’idée d’être accusé de meurtre, il demande conseil à son père Lucio, bibliothécaire désormais sans revenu, auto-investi de la mission de séparer la mauvaise littérature, juste bonne à se faire dévorer par les cafards, de la bonne littérature, celle qui parle vrai, celle qui est capable de se confondre avec le réel.

Et c'est bien de cette confusion fiction-réalité qu'il est question ici. Les personnages des (bons) romans que Lucio a lus prennent alors dans l’histoire de Remigio. La littérature devient alors plus réelle que le réel, ou plus exactement, les romans dans le roman énoncent des vérités plus vraies que le roman et les différents plans se mêlent pour notre plus grand plaisir. La petite fille trouvée est Babette, l’héroïne du roman La Mort de Babette. L’histoire d’Anamari n’est qu’une réécriture de l’histoire originale. C'est dans un autre roman que le coupable est révélé, ainsi que le sort qui lui sera réservé... Mieux encore, Lucio sait que c'est la mort qui l'attend quand nous, lecteurs, aurons tourné la dernière page du roman de Toscana. Ce jeu sur les différents plans se révèle à la fois déconcertant et jubilatoire.

Avec beaucoup d'humour, de finesse, Toscana décrit le personnage très original de Lucio et son extraordinaire rapport aux livres. Et qu'importe s'il est le dernier lecteur, dans sa bibliothèque où personne ne vient plus jamais, car  "Si l’eau est d’autant plus nécessaire en plein désert, comme la médecine l’est à la maladie, les livres sont d’autant plus indispensables là où personne ne lit. ".  

Quel est le sens de la littérature ? Quel est le rôle, quelle est la force du roman ? La littérature a-t-elle prise sur la vie ? et sur la mort ? Si elle est plus réelle que la vie, la littérature est-elle aussi plus réelle que la mort ?

 

Claudine Simart
Service Culture

David Toscana, El ultimo lector, Zulma, Trad. fr. François-Michel Durazzo, 2013

 

Lectures pour l'été 2018

 

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